C'est toujours le même cycle idiot.
L'éternelle ritournelle.
Un illuminé prend l'arme qu'il garde dans sa maison , tire à l'aveugle dans une foule, tout le monde est consterné. Tout le monde pleure les morts. On en fait des portraits de martyrs terriblement malchanceux, on trouve un héros, une héroïne, qui se sera lancé(e) devant un(e) autre afin de goûter fatalement à la balle qui était dirigé sur l'autre et les politiciens repartent leur cassette. Une partie disant " ce ne sera jamais les fusils le problème, toujours les fous", les autres disant "Si les fous n'avaient pas accès si facilement aux fusils, on les verrait faire de peine à tant de gens".
Et les plus pauvres d'esprits parleront d'osties de prières.
Ça relève vraiment de la débilité profonde que de toujours parler de prières.
On en parlera pendant quelques jours comme de la dernière pluie, puis on se moquera de la météo.
Il faut aussi bien vivre tout de même.
C'est exactement ce que devait se dire les quelques 20 victimes du fou qui a tiré à l'aveugle à El Paso, au Texas. Inconsciemment, dans leur journée, le moteur du "je ne fais que vivre mon jour" était en marche. Jusqu'à que quelqu'un ferme les lumières pour toujours. Et toujours pour rien.
Les gens des États-Unis aiment mourir pour rien.
Dans le débat dans la course à l'investiture présidentielle Démocrate, la question est si ancienne, la douleur si permanente, qu'on ne se force même plus pour formuler cette question.
On a demandé aux candidats simplement: "About the gun question, what do you have to say?".
On ne la pose plus la question. Elle fait trop mal. Pourquoi vous êtes tous d'accord pour que "certaines" armes soient interdites au public, et que vous n'avez aucun plan pour les millions toujours en circulation partout?
Nous étions au 219ème jour de l'année en cours, et il s'agissait de la 253ème fusillade répertoriée aux États-Unis. (tuerie: 4 morts et plus)
Une étude internationale indiquait l'an dernier qu'aux États-Unis, vous aviez la "chance" de mourir par arme à feu 10 fois plus que partout ailleurs dans le monde.
En 2017, on disait que 393 millions d'Étatsuniens possédaient au moins une arme. Un taux donc de 120,5 armes par 100 citoyens. Le double de ceux qui se retrouvent au deuxième rang: le Yémen.
"Il faut traiter ce virus qui tue nos enfants" a-t-on dit.
Oh, jolie phrase.
Mauvais docteurs.
Vous ne soignez pas le cancer. Vous soignez un virus.
C'est vous qui le dites.
Ça-se-soigne.
Et le verbe soigner, c'est moi qui l'utilise. Vous ne parlez pas de soigner, ça dénoncerait trop de malades. Vous parlez de traiter le virus.
13 heures plus tard, 9 autres étaient tués à Dayton en Ohio. Mais 9, c'est pas grand chose, ça fait peu les manchettes. C'était pas raciste comme tuerie. On ne finira jamais le film de la tuerie d'El Paso. Au Garlic Festival de la Californie, un autre clown tire dans le tas, quelques jours avant, tue un garçon de 6 ans, et une fille de 13. Il s'accorde le luxe de se tirer une balle dans la tête en fin d'exposé fatal.
Si vous me demandez de vous expliquer la futilité, je vous dirais que c'est de parler du contrôle des armes à feu aux États-Unis.
Bien des mots, bien des belles phrases, bien des morts.
Les Démocrates et les Républicains veulent les votes de tous les porteurs d'armes.
C'est sur 393 millions qu'ils feraient une croix en les condamnant à se débarrasser de leurs fusils.
Ils ont gagné leur indépendance à coupe de fusils.
Le perdront de la même manière.
L'ennemi est de l'intérieur.
Les Dégats-Fusils d'Armerique sont malades.
Revisitant toutes les deux semaines, le cycle de la douleur.
Jusqu'à ce que le soleil ne remonte au ciel pour bronzer les cerveaux.
Soleil qui voit toujours passer inutilement quelques âmes à ses côtés inutilement.
Promettant de nouveaux nuages.
Très prochainement, dans une localité près de chez vous.
Armerica.
Impossible de chasser ces images d'un président rigolant quand on lui suggère de tirer à vue les migrants illégaux.
Le même qui nous parlait hier que certaines choses n'avaient pas leur place aux États-Unis.
Lui, il sait ce qui n'a pas sa place aux États-Unis.
Il sait...