Les commissaires de l'exposition, Stéphane Bern spécialiste de la culture et du patrimoine aidé de Christophe Vachaudez, historien de la joaillerie, ont rassemblés de sublimes créations comprenant une cinquantaine de diadèmes qui se partagent la vedette avec les autres bijoux présentés: colliers, broches, sautoirs, aigrettes et parures.
L'exposition unique de ces 250 bijoux proviennent de quinze musées, d'une quarantaine de préteurs privés, ainsi que des trésors sortis des réserves de la Maison Chaumet (dont une douzaine n'ont jamais été exposés au public). À travers ces œuvres d'art d'exception, la Maison Chaumet invite le visiteur à la découverte de l'histoire particulière du diadème: autant symbole de la royauté que bijou culte d'une féminité rayonnante depuis l'époque antique. Le port d'une couronne trouve son origine dans la coutume grecque d'orner la tête de fleurs ou bien de lauriers lors de célébrations officielles afin de symboliser la victoire. Cette parure confère une aura quasi divine et induit implicitement une posture altière renforçant le sentiment de pouvoir. Le diadème devient par la suite l'apanage des royautés dont elle était l'attribut des seules femmes mariées ou bien lors de leur mariage. Puis le diadème se démocratise au sein de la haute bourgeoisie au XXe siècle avec des modèles de facture plus fine. L'exposition s'articule autour de six grands thèmes: le diadème attribut de pouvoir, le diadème couronnement de l'amour, transmission et transformation, variations symboliques, mises en scène et enfin le diadème Soleil de la Princesse Youssoupoff.
Revenons à un peu d'histoire, fondée en 1780 par Marie-Étienne Nitot (1750-1809) joailler de la reine Marie-Antoinette et appelée La Maison, le joailler devient par la suite fournisseur officiel de Napoléon 1er qui influencé par la culture antique utilisa la joaillerie pour magnifier sa puissance en Europe. L'entreprise joaillère devient ainsi étroitement imbriquée avec l'histoire impériale depuis l'avènement du Premier Empire de Napoléon 1er jusqu'au mariage avec Joséphine de Beauharnais puis avec Marie-Louise d'Autriche. C'est en 1907, avec son installation au 12 Place Vendôme que Joseph Chaumet (1825-1928) donnera son nom définitif à la Maison Chaumet. Le diadème pouvait être porté de deux manières différentes: sur le dessus de la tête ou en bandeau frontal dit "à la Joséphine" ce que faisaient avec beaucoup de grâce la Reine Marie de Roumanie, la future Reine Elizabeth et la Grande Duchesse de Luxembourg avec son diadème Art déco en diamants et cabochon d'émeraude.
Au-delà de cette exposition chatoyante et unique, la Maison Chaumet nous démontre toute sa créativité au fil des siècles, mais aussi sa technicité qu'elle a su mettre au gout du jour selon les époques. Les diadèmes (livrés avec leurs propres outils) pouvant selon la conception ingénieuse devenir collier, se transformer en devant de corsage ou bien les cabochons devenir des broches. Le visiteur est accueilli dans une salle des étoiles où est présentée une centaine de maquettes en maillechort réalisées de 1890 à 1930. Grâce à un alliage de cuivre, nickel et de zinc permettant une solidité et un éclat proche de l'argent, les joaillers pouvaient ajuster en taille réelle le futur diadème. Joseph Chaumet exposait d'ailleurs les maquettes dans les salons des modèles, dont les collections comptent aujourd'hui près de cinq cents modèles.
Au cours de la visite, après être passé devant un portrait de Napoléon Bonaparte, le visiteur peut admirer quelques pièces maîtresses de cette exposition: une réplique de la parure de rubis et de diamants de l'impératrice Marie-Louise d'Autriche, immortalisée par le peintre Jacques-Louis David, la broche de la Princesse Caroline de Monaco en forme de roseau, cadeau de Karl Lagerfeld; un hologramme en 3D projetant le diadème soleil de la Princesse russe Youssoupoff, nièce du tsar Nicolas II (diadème d'une richesse de diamants unique), disparu pendant la révolution bolchevique; le diadème épis de blé dit "Crèvecoeur", le motif épis de blé étant un symbole souvent porté par l'impératrice Joséphine. L'exposition n'est pas qu'une simple accumulation de bijoux, car elle permet de remettre les diadèmes dans un contexte historique, sentimental et comme un véritable témoin de l'évolution des styles durant deux siècles puisque ces bijoux exceptionnels se transmettent de génération en génération parmi les familles royales.
"Le rôle symbolique de ces joyaux incarnait le pouvoir, l'amour et la fête" confie Stéphane Bern.
Loin d'être démodé, le diadème fait toujours rêver et connaît un renouveau depuis les années 2000 dixit la Maison Chaumet dont les ateliers enchaînent des commandes spéciales pour des mariages princiers ou bien pour de riches clientes. Bienvenue à Boris Johnson, nouveau Premier ministre britannique qui a succédé à Theresa May, au «club des Populistes»! Club qui l’air de rien grandit petit à petit. Ce fameux club qui tient un prétendu discours antisystème mais en crée parallèlement...