Nous sommes à Ellis Island, auprès de John Mitchell, responsable du site, à quelques jours de sa fermeture. Et celui-ci, en rangeant ses derniers papiers, en faisant une fois de plus le tour de ces bâtiments où il a vécu toute sa vie, se livre aux souvenirs. Il écrit un journal posthume des lieux - et de sa propre vie, si attachée au lieu qu'elle ne semble pouvoir continuer loin de lui. On croise des figures aimées, Liz, son épouse et son frère, des collègues de travail, des migrants anonymes, sauf une, la sombre Nella. C'est toute la vie de l'île qui jaillit sous sa plume : les foules anonymes et craintives, fatiguées et sales, les fonctionnaires qui les trient et les questionnent… Et John, dans sa tour d'ivoire, faisant tourner la machine américaine sans trop se mouiller. En oubliant parfois les singularités derrière la masse débarquée. Quelques rencontres plus particulières sortent du lot. Quelques noms et visages pour 45 ans de service.
Quelle plaisir de retrouver la plume précise et ciselée de l'auteure pour nous raconter cet homme, ce lieu, cet esprit des lieux entre histoire et imaginaire.