qui vous interpelle il n’a aucun nord à offrir
aucun sud à mettre à la place
il crucifie des pronoms de hasard sur la rose des vents
celui qui demande quel jour sommes-nous ?
vous lui dites c’est toujours c’est jamais
vous lui dites c’est le moment
et vous frappez juste
celui qui dit à l’odalisque :
celui qui me fait l’amour c’est moi
celui qui te regarde
te veut t’en veut ti vuole bene
en veut tant et tant te dévêt te défait te défonce
celui qui te regarde
et prend ton nom en écharpe et avale tes parfums
celui qui va & vient chevauchant les marées
enfourche la balance lunatique
guette & craint tes menstrues
vole ton linge sec qui claque aux bourrasques de juillet
celui qui momie dédale icare
nage comme poisson dans les laves
se faufile dans les pile ou face du calendrier
est tellement là où c’est sans doute nulle part
celui qui brode fignole dans l’incertain
prévoit le temps et ignore la tempête
trébuche sur la moindre pierre qui roule
celui qui sous l’amas de ses cravates
tout blanc tout nu aurait au gré de l’anecdote
pu clamecer à clamecy hôtel de la poste chambre 9
celui qui dit je
n’est jamais en français dans le texte
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Lambert Schlechter (né en 1941 à Luxembourg) – L’envers de tous les endroits (Phi, 2010)