Internet nous a tous rendus accro à la dopamine.
L'internaute moyen zappe au bout de 8 secondes. Ce qui est une seconde de plus que la mémoire alléguée du poisson rouge dans un bocal. Nous sommes tous devenus des poissons rouges !
Et pourquoi ? Parce que le modèle économique choisi par
les grands acteurs d'internet (Facebook, Google, Youtube...) repose
sur le temps de présence sur le site. Lorsque le web
commença à se répandre, vers le milieu des
années 90, on aurait pu avoir d'autres modèles :
abonnements, services à la demande... mais le modèle qui
s'imposa repose sur la publicité, donc sur le temps. Et voila
pourquoi tous les services tentent de nous capturer du temps, en nous
rendant accrocs à la dopamine, l'hormone du plaisir
immédiat. Nous gaspillons ainsi notre précieux temps
à des choses stupides comme jouer à Candy Crush Saga,
répondre à des quizz, commenter des photos de vacances
de personnes dont nous ignorons tout, twitter des phrases à
l'emporte pièce, ou liker des lolcats.
Les gadgets connectés qui nous entourent nous donnent
l'illusion que nous avons accès à une mémoire
illimitée, mais du coup nous perdons progressivement l'aptitude
à mémoriser sur le long terme, en triant ce qui est
important et ce qui ne l'est pas. Nous cherchons des satisfactions
immédiates, des récompenses rapides que nos cerveau
shootés à la dopamine exigent toujours plus.
Pire, bien que tous les médecins aient signalé le danger
d'un exposition précoce aux écrans (avant 3 ans, c'est
dangereux !), de plus en plus de très jeunes enfants sont
devenus accrocs à la tablette ou au portable, à un
âge ou les interactions avec des adultes sont absolument
nécessaires, et sont donc hélas en voie de
désocialisation rapide. J'ai frémi hier en
écoutant une interview d'une mère dont le
bébé, à 3 ans, ne peut même plus manger
sans sa tablette. Déjà beaucoup d'adolescents ont peur
de quitter leur portable plus d'une demi-heure. Nos gadgets de
communication sont en réalité des machines à
non-communication.
Cette désocialisation massive est hélas relayée
par des politiques publiques à courte vue telles que les lois
anti-tabacs et anti-alcool qui ont engendrés la fermeture
massive des cafés, lieux pourtant de socialisation populaire
s'il en est. C'est flagrant en Irlande, mais aussi en France. Nous
nous replions sur nous-même et sur nos machines à
(non)communiquer.
Conséquence ? nous perdons le goût de l'effort
intellectuel, qui suscite un plaisir réel mais
différé. Nous devenons des illettrés parce que
nous ne lisons plus de livres, ni même des longs articles sur le
web. L'orthographe part en couilles, de même que la
richesse du vocabulaire de notre langue. Mais ce n'est que la partie
émergée de l'iceberg. Nous perdons le goût de
communiquer pour de vrai, de débattre. Nous perdons l'empathie.
Les images terribles diffusées par nos médias ne nous
touchent plus. C'est ainsi pourtant que démarrent les
guerres...
Les informations partielles, les fake news relayées servilement
par des abrutis, engendrent déjà des dégâts
irréversibles, des violences, des émeutes et des morts,
mais aussi, plus subtilement, la perte de confiance
généralisée envers les autorités et les
politiques. Alors que le vrai rôle de la politique, c'est
pourtant cet arbitrage éclairé entre le court terme et
le long terme, dont nous avons plus que jamais besoin...
Encore pire : nous n'avons plus assez de recul, et plus le goût
de l'effort nécessaire pour comprendre un monde pourtant de
plus en plus complexe. Nous somme en train de créer une
génération d'idiots
décérébrés qui seront la proie
rêvée des grands trusts du consumérisme
libéral. Et comme d'habitude, ce sont les classes populaires
qui seront les plus touchées. Elles voteront de plus en plus
massivement pour un populisme qu'elles croient comprendre, sans se
rendre compte que cela les conduit encore plus sûrement à
leur perte.
Ce n'est que le début :
Nous sommes en train de créer une génération
d'idiots, mais la génération qui suivra celle-la sera
une génération d'esclaves. D'ici dix ans, les assistants
personnels à base d'IA remplaceront nos tablettes et nos ordis,
et nous les laisseront passivement nous dicter ce que nous devons
faire. Le pire esclavage, c'est celui qui est librement consenti par
la victime, parce qu'elle ne s'en rend même pas compte.
Bien sûr, tout le monde ne sera pas concerné, ni asservi
en même temps. Certains tireront leur épingle du jeu.
D'autres seront les maître du jeu...
Nous fonçons tout droit vers la civilisation des poissons
rouges... et des requins.
Des solutions ?
Il y en a pourtant : interdire la publicité sur le net (quoi ? Si !), mieux éduquer les parents aux dangers des écrans, légiférer sur les droits et devoirs respectifs des humains et des IA. Taxer le travail des robots, créer uniquement des IA amicales; etc...
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