dedans une couche de six pieds
l’homme malade, le matin a assez dormi
assis, bien droit, la journée est longue
étourdi mais pas ivre
solitaire mais pas fou
je défais mon vêtement dans le vent des bambous,
doux, légèrement frais
je me lève, marche dans le jardin à l’ouest
herbes et arbres exhalent un parfum discret
du grenadier en fleur une branche est en train d’éclore
mûriers et jujubiers opulents scintillent
une tourterelle chante sous le bel ombrage,
immobile, elle oublie de s’envoler
un loriot, de son côté, est joyeux aussi,
sa voix nouvelle roule avec aise, il tend son cou
appuyé à ma canne, je regarde les choses se transformer
je contemple aussi ma vie
dix mille choses, chacune vient à son moment,
ma vie, jour après jour se précipite
***
Su Tung-po (ou Su Shi, Su Dongpo, 1037-1101) – Rêve de printemps
Merci à Lambert Schlechter qui cite ce poème dans son livre « Inévitables bifurcations » (éd. Les Doigts dans la Prose, 2016).