Les siens avaient péri dans un pogrom et depuis lors, il empruntait les chemins qui ne mènent nulle part, là où personne ne l'attendait.
Colin Zurich l'Ancien met toutefois un terme à son errance de Juif en choisissant un port d'attache, Lessoc, commune fribourgeoise, et en embrassant la foi chrétienne sans en mesurer l'étendue.
A partir de là, Colin Zurich le Jeune, né en 1950, échafaude toute une série d'aventures, sur fond du cours de l'Histoire, des historiettes qui seraient advenues à son ancêtre, le bien nommé Colin Zurich l'Ancien.
L'ensemble de ces aventures constituent un conte historique se déroulant au XVIe siècle. Elles sont illustrées de plaisante façon par Claudio Fedrigo qui a aiguisé ses crayons pour l'occasion.
Dans ces aventures il est question de guerre qui n'a pas lieu, comme celle Troie, d'amours gentiment polissonnes, d'irrévérences envers les religions, de chansons comme celle du titre.
Dans ce conte du XVIe siècle, le récit ne démontre pas, il parle de lui-même et suit au fond la recommandation d'un certain moine nommé François Rabelais: Mieux est de ris que de larmes écrire.
Les anachronismes y sont des clins d'oeil au lecteur. Le propos de l'auteur se veut intemporel et ce dernier y choisit la dérision pour mieux se faire entendre, pour mieux détendre le lecteur.
Si J'ai vu le loup, le renard et la belette est une chanson qui est peut-être d'époque, ce n'est évidemment pas le cas de La Madelon, de Viens poupoule ou encore du Temps des cerises...
Autre exemple: évoquant la ville de Châtel-Saint-Denis, l'auteur ne sait finalement à quel Saint Denis se vouer et propose le docteur extatique, (allusion à Saint Thomas, le docteur angélique?):
Extatiques, rue St-Denis, les âmes se pâmaient au giron de beautés infernales, à la recherche du paradis terrestre.
Autres exemples:
Son premier acheteur était Paul Morand...
Voudrais-tu d'une Rousse goulue, d'une Noire charbonnière ou d'une Blonde Bardot?
Mais les enfants m'appellent Charlot: je nage dans mes habits, la tristesse allonge ma figure, je marche à dix heures dix.
L'oeil de Georges brillait quand Margot dégrafait son corsage...
S'il n'y avait ces anachronismes, on serait tenté de dire cependant, que plutôt que d'un conte venu du XVIe siècle, il s'agirait d'un conte comme d'aucuns en écrivirent au siècle des Lumières.
Francis Richard
J'ai vu le loup, le renard et la belette..., Alphonse Layaz, 120 pages, L'Aire
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