Vivants, par les Fugaces
Quand on voit une deuxième fois Vivants, par les Fugaces, on ne voit pas le même spectacle. Ne suivant pas le même personnage, on adopte un tout autre point de vue. En effet, chacun.e est partie intégrante du personnage. La première fois, j’étais un peu de Samir. Cette fois, c’était une part d’Estelle. Je ne pouvais pas être un observateur extérieur, me dégager et n’être que ce regard désolidarisé qu’il nous arrive d’adopter au théâtre. Quand bien même je découvre peu à peu le personnage qui m’associe, j’en suis un élément. L’effet est vraiment saisissant : nous sommes composés de qualités et de défauts, d’élans et de contradictions, de désirs et de découragements, de volontés et de points faibles, et tout cela se déplace avec nous. Quand j’ai vu apparaître Samir dans notre déambulation, j’ai compris cela, cette diversité qui nous constitue et qui permet les rencontres que nous faisons, cette part de moi qui questionne l'autre, cette part de l'autre qui m'interpelle.
Et ce qui nous lie, ici, c’est peut-être la disparition d’un ami, c’est peut-être de nous retrouver dans une fête annuelle malgré tous les changements survenus depuis la précédente, et c’est aussi la volonté de vivre au présent, repoussant les « mieux que rien », les « en attendant ».