la dorure des livres, peut-être
sur leur tranche qui aiguise mes doigts
– fioriture-
je ne sais rien
que l’or sur les lèvres d’icône
au matin froid d’une pierre romane
superbe dans sa courbure de vieille femme
et moi priant la bouche tout contre les moellons
moi mon épiderme hurlant dans les nervures du granit
je ne sais rien
enfant avant la lettre, bambin tiré à quatre étoiles
je ne sais que ton nom, peut-être
et la lumière avalée par le dallage
à l’arrière de mes pas
je ne sais plus – ais-je su – la litanie de tes amis
ton histoire tressée de signes
et tous tes gouffres où le cœur
tombe en torche
éclairant –enfin –
les angles morts de nos visages
je ne sais que mes jours et l’incertain
le désir minuté
la voie sourde des fleurs
encore sous la terre
je suis une vasque qui ignore son vin
une écorce de pain avide de la dent
qui le rompra encore
je suis lèvre scellée d’un baiser à venir
lourde d’enfants abstraits des caresses de leur mère
levain resté en rade à l’aune du pétrin
***
Florence Noël (née à Ciney, Belgique en 1973) – Extrait de « Survenir soif » inédit