C’est depuis mon balcon, au soleil, que j’ai eu envie de prendre enfin un peu de temps pour vous parler de mon retour en Bretagne. Alors, quitter Paris après 10 ans de vie là-bas, bonne ou mauvaise idée ?
Paris et moi, une relation compliquée
Comme le dit si bien Marine dans son prochain article (teasing !), il fut un temps où le passage quasi obligé après les études pour se faire une expérience pro, c’était Paris. Je ne déroge pas à la règle et je suis allée m’y installer au moment de mon stage de fin d’étude. J’étais assez réfractaire à l’idée, je m’étais dit après mon retour d’Irlande « J’irai vivre partout sauf à Paris ». Ça n’aide pas à commencer une bonne relation me direz-vous, c’est sûr…
Mais je m’étais juré que ce ne serait que le temps de mon stage de 6 mois. J’y suis restée quasi 10 ans. 10 ans sans aucun regret, car je m’y suis faite une expérience professionnelle excellente, que j’y ai rencontré des amis incroyables, que j’ai profité de la ville et de ce qu’elle a à offrir à 100% et parce que le blog et ce que j’ai vécu grâce à lui là-bas m’aura épanouie plus que tout ce que j’aurais pu imaginer.
Malgré tout, j’ai toujours gardé une relation très compliquée avec cette ville. Je ne me suis jamais sentie parisienne malgré mes envies d’expos et de brunch. J’ai quand même vécu avec une carte d’identité périmée pendant longtemps parce que je refusais d’avoir une adresse parisienne sur la nouvelle, étant persuadée que je n’y resterai pas. J’ai toujours gardé ma banque à Rennes et jusqu’à il y a peu…mon coiffeur aussi.
En réalité, je n’ai toujours vu Paris que comme une étape de passage et je n’ai jamais réussi à m’y projeter. Et comme beaucoup de provinciaux passés 30 ans qui vivent à Paris, c’est justement en me penchant sur la projection de mon avenir que j’ai fini par définitivement décider de quitter Paris.
Tourner en rond dans mon studio mal isolé que je payais près de 900€ par mois ne m’a pas aidé. Acheter un appartement ? Impossible pour moi dans la capitale vu mon peu de moyens (salut la team pauvre). Imaginer vieillir et continuer à devoir prendre un métro chaque jour et aller faire mes courses chez Monoprix Gourmet où tout me coûte un bras ? Je n’en avais plus envie. Vivre dans une ambiance de peur mais surtout d’agressivité que les attentats n’ont pas aidé ? Je voulais fuir ça. Avoir le sentiment de n’être personne dans cette fourmilière et ne même pas connaître mes voisins de pallier, ça ne m’amusait plus. Subir pic de pollution sur canicule mêlée à de la pollution le tout mêlé à une grosse dose de stress ambiant ? Ma santé et mes angines à répétition m’ont fait comprendre que je ne le supportais plus.
Ne voir ma famille que pendant les weekends prolongés et donc dépenser la moitié de mon salaire dans des billets de train ? Je n’avais plus envie. Me sentir enfermée dans la ville sans moyen de me rafraichir dès qu’il fait un peu beau alors que je rêve des plages immenses de Saint-Malo ? J’en avais marre de rêver et voulais y aller. Rentrer en train les dimanches soir avec regret, voire tristesse parce que j’anticipais déjà le trajet dans la ligne 4 qui m’attendait, l’odeur de pisse et le bruit auquel j’allais être confrontée ? J’ai décidé que c’était terminé.
J’ai tellement profité de Paris, de sa vie, de ses opportunités, que je m’en suis épuisée. Au travail aussi. Je crois que c’est ça, après 10 ans en fait. J’étais simplement fatiguée. Malgré tout, je sais que Paris reste la plus belle ville du monde, je sais tout ce qu’elle a à offrir. C’est peut-être pour ça que j’ai hésité pendant près d’un an avant de quitter Paris.
Quitter Paris
J’ai attendu que des amis repartent en province eux aussi, de les voir épanouis, pour me rassurer. Il a fallu que je regarde les offres d’emplois pour vérifier que j’avais une chance de ne pas être au chômage si je retournais à Rennes. Mais le déclic pour quitter une ville, est vraiment très personnel et se contrôle peu je pense. Il y a 2 ans encore, je n’aurais pas pensé être de retour à Rennes aujourd’hui.
Quoi qu’il en soit, en début d’année, j’ai senti que c’était le moment et j’ai décidé de quitter mon travail et en même temps, de quitter Paris. J’en avais parlé brièvement dans notre podcast, alors que c’était juste un projet. Puis tout s’est précipité. Parce que je me suis rendu compte qu’il fallait que je quitte cette ville avant de la détester. Car je ne veux pas la détester. Je ne voulais pas partir aigrie. Mais je voulais partir à temps.
Hasard du calendrier, toutes les planètes se sont alignées pour moi et j’ai trouvé appartement et nouveau travail dans mon domaine à Rennes le même jour. Me voilà donc forcée de déménager plus rapidement que prévu pour revenir dans ma Bretagne natale. Heureusement, avec de la famille dans le coin, tout est plus facile et tout s’est bien passé. Aujourd’hui, ça fait presque 4 mois que je suis revenue. 4 mois que je n’ai pas vu filer mais qui me laissent de quoi faire un rapide bilan.
Et je dois dire, qu’à mon grand étonnement, je suis encore plus enthousiaste que prévu et que c’est surement la meilleure décision que j’ai pu prendre de ma vie… J’avoue, même si j’étais décidée à rentrer, que je pensais quand même que cela serait plus difficile de revenir vivre en province. Que plus de choses de la vie parisienne allaient me manquer. Peut-être même que j’allais m’ennuyer.
La renaissance
Quelle idiote. Je n’ai pas eu un weekend de disponible depuis le mois d’avril. Entre les festivals que la région a à offrir, les amis qui passent me rendre visite ou bien tout simplement les virées à la mer, j’étais occupée jusqu’aux dimanche soir. Et plus de boule au ventre en rentrant de la plage puisque je sais que je peux y retourner demain si je veux. Et après-demain. Et tous les jours si je veux… Parce que j’ai du temps. Le truc après lequel je courais sans arrêt à Paris. Qui disparaissait dans les transports ou au travail.
Voir cette publication sur InstagramBénodet et sa plage, Concarneau et ses remparts ou bien Pont-Aven et ses moulins (et ses galettes )… Une bonne journée ! #bretagne #breizh #bzh #finistere #benodet #concarneau #pontaven #sun #beautiful #nofilter #visiting #bretagnetourisme #tourisme #travelpictures #amazing #nofilter #bluesky
Une publication partagée par Anaïs Berno (@ana_berno) le 31 Mai 2019 à 11 :47 PDT
Niveau qualité de vie, ce n’est un secret pour personne, mais là aussi, dur de faire pire qu’à Paris. J’ai presque doublé ma surface de vie mais je paie 250€ de moins chaque mois. Et en plus j’ai un balcon. Le luxe quoi. Niveau santé, depuis que je suis revenue, pas un mal de gorge à l’horizon. Plus d’hypotension non plus. J’ai l’impression de dormir 10h par jour et d’enfin me reposer en rattrapant mes années de sommeil en retard. Le top ? Je crois que je suis restée bronzée depuis le mois d’avril, moi qui avait un teint de déterrée depuis 10 ans.
Et là vous vous dites : mais je suis sûre que son boulot c’est de la merde ou qu’elle se morfond le soir seule chez elle ? Et bien même pas. Sorry, not sorry. J’ai trouvé un travail hyper épanouissant, avec un tas de missions qui m’intéressent avec des collègues au top. Mon salaire parisien est maintenu et si je compare avec tous les avantages que je n’avais pas dans mes jobs d’avant, je vis clairement mieux même. J’ai surtout retrouvé un rythme de vie beaucoup moins stressant.
Ici, on te demande ce que tu fais là si tu es encore au bureau à 18h30. Il faut dire qu’on commence bien plus tôt que 10h, heure à laquelle j’arrivais péniblement à me sortir du métro à la fin. Du coup, je me couche aussi plus tôt le soir. Mais c’est pas grave, car j’ai le temps d’avoir une deuxième vie en sortant du bureau. Tous les magasins sont encore ouverts, je peux encore profiter du soleil sur les quais, je peux refaire du sport plusieurs fois par semaine sans sortir de la salle à 21H ou 22h ni être obligée de reprendre des transports derrière. J’ai retrouvé du temps pour moi surtout. Pas pour les autres, mais pour prendre soin de moi, ce que j’ai oublié de faire pendant 10 ans. Par peur de louper le nouveau lieu branchouille de paname, LA soirée de l’année ou l’expo incontournable que tous les collègues ont vu…
Je mets max 15mn pour aller au travail. Alors oui, cette nouvelle vie implique un rachat de voiture et donc des frais qui vont avec, mais même mis bout à bout de tout le reste, je reste encore bien en dessous de tout ce que je pouvais dépenser à Paris. Et des cocktails en terrasse à moins de 10€ (et avec le sourire), je dois avouer que ça m’avait atrocement manqué. Retrouver des prix descends dans les supermarchés, les bars ou les restaurants, je crois que c’est toujours ce qui m’excite le plus depuis mon retour !
Niveau vie sociale, la reprise du sport, des activités, la rencontre des nouveaux collègues, la famille à proximité et les retrouvailles avec mes amis Rennais de l’époque font que je n’ai pas le temps de m’ennuyer ni d’être seule. Et la bonne nouvelle, c’est qu’en 10 ans, Rennes s’est complètement métamorphosée. Aujourd’hui, j’y retrouve toutes les enseignes dans lesquelles j’allais traîner à Paris, tous les concepts stores ou endroits « cool » y sont présents, les bars à thèmes aussi. Le soir et les weekends, des activités sont prévues le long de la rivière, et même les petits bateaux sur la Vilaine sont là pour me rappeler ceux du bassin de la Villette !
Je vais au cinéma quand j’en ai envie, j’ai même les avant-premières qui me conviennent. Certes, j’y croise moins de stars, mais pour ça, je continuerai d’aller dans les festivals de ciné quand j’en ai envie pour faire le plein. Pas de changements là-dessus. Si je veux voir des artistes en concert, je vais à un festival pas loin de chez moi donc pas de bouleversement de ce côté là non plus.
Quitter Paris : le bilan
Bref, pour l’instant, pas l’ombre d’un doute ne plane sur moi pour m’assurer que quitter Paris était LA décision à prendre. Cela viendra peut-être durant les longs dimanches pluvieux de novembre où je m’ennuierai peut-être. Mais pour l’instant, je continue d’apprécier chaque minute de ce retour à la maison. Et je n’ai absolument aucune envie ou besoin de retourner à Paris pour le moment, si ce n’est pour y voir des amis. Mais j’ai hâte d’avoir passé ce stade pour retourner dans la capitale en mode touriste.
Parce qu’en réalité, c’est comme ça que je l’apprécie cette ville. En touriste de passage. Et je suis prête à m’émerveiller de nouveau prochainement parce que je l’aime bien Paris et que j’y ai passé 10 années inoubliables dont je ne regrette rien.
En attendant, je continue de redécouvrir ma ville natale et je vous promets prochainement de nombreux articles sur mes bonnes adresses et visites à Rennes ou en Bretagne. Parce qu’ici aussi on a des musées, des expos, des restos cool, du boulot et plein de belles choses à découvrir !
PS : si vous avez des envies d’articles, des questions sur Rennes, sur le fait de changer de ville ou quoi que ce soit d’autre, n’hésitez pas à me demander.
Et vous, l’envie de quitter Paris vous démange-t-elle aussi ?
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