Buñuel se remettait difficilement du scandale causé par "l’Age d’or" en 1930, où la patrie, la famille et la religion avaient été mises à mal durant une bonne heure. Le film avait été financé par de généreux mécènes, le couple Noailles, la richissime Marie-Laure, de la famille des banquiers allemands Bischoffsheim, amie des surréalistes et par ailleurs descendante du marquis de Sade; son époux Charles est le descendant d'une longue lignée d'aristocrates. Une première privée de "l’Age d’or" avait eu lieu au début juillet 1930 dans leur hôtel particulier du XVIe arrondissement parisien, 11 place des États-Unis, devant une trentaine d'invités qui ne manifestèrent pas un enthousiasme délirant. Suivirent une première publique le 22 octobre au Panthéon Rive Gauche puis une seconde le 28 novembre au Studio 28 et quelques autres encore avec toujours un chahut indescriptible, tel que le préfet de police Jean Chiappe finit par en interdire la projection. Interdiction qui durera une cinquantaine d’années. Il n’était donc plus question pour le vicomte et la vicomtesse de Noailles de financer un autre film de Buñuel. On avait même évoqué l’excommunication du vicomte, ce n’était qu’une rumeur. Les premières images du film de Salvador Simó rappellent ces épisodes, on voit le Studio 28 où s'achève la projection de "l’Age d’or" et d’où s’échappent quelques mesures du Tristan de Wagner. On entend les huées des spectateurs, dans la rue, Buñuel est accosté par un couple d’admirateurs et un autre de détracteurs.
Il trouvera cependant un nouveau sujet de film, il s’intéresse à la thèse de l’hispaniste français Maurice Legendre écrite en 1927 "Las Jurdes: étude de géographie humaine" mais il n’a pas d’argent pour réaliser son projet. Un ami, le sculpteur Ramón Acín, lui promet que s’il a de la chance à la loterie, il financera le film. C’est chose faite puisqu’il gagne 100.000 pesetas à la loterie de Noël et en donne 20.000 à Buñuel, devenant ainsi une sorte de producteur. Il veille scrupuleusement à la bonne organisation du tournage qui peut commencer. Deux autres hommes joueront aussi un grand rôle, Pierre Unik journaliste écrivain en reportage et le photographe Eli Lotar qui tiendra la caméra prêtée par Yves Allégret. Buñuel a loué des chambres dans un couvent et le quatuor rejoint les différents villages à bord d’une voiture pétaradant sur des routes improbables. Salvador Simó a enrichi son film de 80 min avec quelques extraits significatifs du documentaire de Buñuel, en particulier des images surréalistes comme celles de l’âne dévoré par les abeilles qui en rappellent d’autres du "Chien andalou".
Cet excellent film d’animation a en plus le mérite de rappeler l’existence de ce documentaire quelque peu oublié de Buñuel et d’en apprendre un peu plus sur ce grand réalisateur en action. Rédaction internationale En savoir plus sur cet auteur A peine révélée, l’affaire de Rugy serait déjà enterrée. Alors que les Français sauront mardi s’il y a eu dérapage dans les dépenses publiques – comme si certains en doutaient encore - il semblerait que dès maintenant, l’ancien ministre soit...