Salut à tous,
Du site leQuotidien : « C’est beau la mort, c’est plein de vie dedans », chantait Félix
Leclerc. Il ne croyait pas si bien dire, mais cette idée n’en est pas
moins difficile à appréhender – et surtout à accepter – pour la plupart
d’entre nous. Le fait est que parler de la mort n’est pas chose aisée.
C’est un sujet tabou, en quelque sorte. Cela s’explique par le fait que,
pour nous, la mort est le plus souvent associée à la souffrance et au
chagrin. Mais pourtant, la mort fait partie de la vie, comme on dit.
Elle est même notre seule certitude, dit-on parfois. Alors, pourquoi la
mort nous fait-elle si peur ?
¨ De
manière générale, je dirais que si nous redoutons autant la mort, c’est
qu’elle est entourée de mystère et que nous n’y sommes pas bien
préparés. Ainsi, si « philosopher, c’est apprendre à mourir », comme
disait Montaigne, force est de constater que nous manquons cruellement
de philosophie. Cela dit, je pense que le problème de la mort est avant
tout une affaire de perspective. J’entends par là que si la mort nous
apparaît aussi redoutable, c’est que nous n’arrivons pas à comprendre et
à apprécier son rôle dans la nature. Et pourtant, nous verrons que la
mort est non seulement un passage obligé, mais aussi un bienfait – d’un
certain point de vue, du moins.¨
Un bienfait, mais pour qui ? Évidemment, si nous nous bornons à
appréhender les choses sur la seule base de notre individualité, cette
idée n’a aucun sens. En effet, pour la plupart d’entre nous, la mort
apparaît comme un mal, car elle nous prive de nos proches, et
éventuellement de la jouissance de notre propre vie. En ce sens, la mort
peut donc être perçue comme une force destructrice qui annihile tout
sur son passage. Or, si nous nous efforçons de changer le regard que
nous portons sur les choses, nous constatons que la mort n’est pas
seulement une force destructrice, mais aussi, et surtout, une force
créatrice. À toutes les échelles du vivant, en effet, la mort fait
oeuvre utile. Car c’est de la mort qu’émerge la nouvelle vie.
Les Anciens avaient l’habitude de concevoir la nature comme un «
grand vivant », c’est-à-dire que tous les êtres qui la constituent
forment un tout indissociable. Marc Aurèle, philosophe stoïcien du 2e
siècle, disait d’ailleurs ceci au sujet de l’être et de la mort : « Tous
ces êtres que tu vois, la Nature qui gouverne le tout instantanément
les transforme. De leur substance, elle produira d’autres êtres, puis de
la substance de ceux-ci, d’autres encore, afin que le monde demeure
toujours jeune. ». Ce qu’il faut en comprendre, c’est que c’est grâce à
la mort que le cosmos évolue et se renouvelle sans cesse. Sans la mort,
notre monde se « fossiliserait », en quelque sorte. Et nous-mêmes, ne
sommes-nous pas des poussières d’étoiles, comme l’a si bien dit
l’astrophysicien Hubert Reeves ?
Cette formule, en plus d’être jolie, est rigoureusement vraie. En
effet, le processus d’apparition de la vie est intimement lié à la mort
de certaines étoiles qui, en s’effondrant sur elles-mêmes, ont disséminé
un peu partout dans l’univers les ingrédients de la vie. La leçon à en
tirer, c’est qu’en délaissant le point de vue microscopique (l’échelle
humaine) au profit du point de vue macroscopique (l’échelle cosmique),
nous pouvons pleinement apprécier le caractère créatif de la mort. C’est
effectivement grâce à elle que la vie est apparue dans l’univers, mais
aussi à travers elle que la vie continue de prospérer.
La mort est donc non seulement inéluctable, mais elle est aussi
indispensable. Cela est vrai à l’échelle cosmique, mais aussi à
l’échelle humaine, car bien que nous n’ayons absolument rien à gagner
dans le fait de devoir mourir, nous savons qu’il est nécessaire que nous
mourrions un jour afin de laisser notre place à d’autres. La mort nous
impose ainsi une leçon d’humilité, et ce n’est qu’en l’acceptant que
nous pourrons trouver la sérénité.
Cela dit, il est normal de ressentir de la peine lors du décès d’un
proche, ou encore d’avoir certaines appréhensions face à sa propre mort.
Seulement, c’est une erreur de concevoir la mort comme un mal ou une
aberration. Qui plus est, sans la mort, quelle valeur et quel sens la
vie pourrait-elle bien avoir ?
* Texte de Sébastien Lévesque
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