« Extrait de la préface écrite par Malcolm Cowley pour Tendre est la nuit : "Il (Fitzgerald) avait beau remettre son matériau dans le creuset, une partie résistait toujours à la chaleur et gardait sa forme initiale quand on la versait dans le nouveau moule." Il a cent fois raison. Une fois achevée, figée dans le champ de la matière musicale, l'œuvre commence à vivre sa propre vie, qui est l'expression d'une balance délicate dont tous les éléments constitutifs — des qualités aux faiblesses, de la superstructure jusqu'au plus infime détail — sont si étroitement mêlés qu'il devient impossible d'en modifier un sans altérer l’équilibre de tout l’ensemble. A ce stade-là, en général, on n’a d’autre choix en général que d’accepter l’œuvre telle qu’elle est. On ne remet pas un bébé dans le ventre de sa mère parce que l’on n’est pas satisfait par son apparence. »
Olivier Greif, Journal, p. 40.
Olivier Greif,
Journal,
édité par Jean-Jacques Greif,
éditions Aedam Musicae, 2019, 532p., 32€.
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