Sortie en 2015, la DJI Osmo était une révolution. Le constructeur chinois offrait la possibilité à tout vidéaste de remplacer une lourde et imposante steadycam par un outil simple et léger, capable de filmer de manière fluide n’importe quel mouvement, ou presque. De nombreux autres fabricants ont suivi pour surfer sur la vague de ce succès ou en déclinant le même système à destination des smartphones… Quatre ans plus tard, DJI révolutionne à nouveau le marché du stabilisateur en sortant l’Osmo Pocket, qui offre les mêmes possibilités, mais avec un stabilisateur de la taille d’un smartphone.
Je me souviens de ma première prise en main de l’Osmo. Il m’a fallu une période d’apprentissage et quelques tournages pour comprendre dans quelle situation l’utiliser et comment m’en servir de manière efficace. J’ai ainsi appris à dompter son interface, passant par un smartphone, et ses différents boutons physiques, les deux venant parfaitement se compléter. Découvrir l’Osmo Pocket, c’est devoir tout recommencer depuis le début. On se retrouve avec un objet d’une douzaine de centimètres dans les mains, un poids plume, sur lequel on ne retrouve que deux boutons, dont l’un servant à lancer l’enregistrement. L’Osmo Pocket est elle prête à prendre la relève de l’Osmo ?
Avec l’Osmo Pocket, DJI fait fort, très fort, et on s’en rend compte avant même d’allumer l’engin, en remarquant son écran tactile. Certes, cet écran ne fait qu’un pouce, mais sa présence sur un appareil aussi compact relève de la prouesse. S’il ne permet que d’avoir une vision étriqué de ce qui est filmé, il offre la possibilité de savoir ce qu’on cadre dans le feu de l’action et de réagir rapidement ! Grâce à lui, il est aussi possible d’effectuer des réglages basiques, chose qui était bien sûr impossible avec l’Osmo originale. Pour avoir une expérience plus complète, il faudra toujours passer par l’ajouter d’un smartphone qui permettra de disposer d’un écran plus grand (utile pour être sûr de la mise au point par exemple) mais aussi pour avoir accès à l’ensemble des réglages possibles sur la caméra.
Car malgré sa compacité, l’Osmo Pocket ne rogne pas sur la qualité. Si elle peut tout à fait s’utiliser sans s’inquiéter des réglages, ou via les nombreux modes automatiques hérités des drones de DJI (suivi d’un sujet par exemple – chose qui n’existait par sur la première Osmo), on peut à tout moment basculer chacun des réglages en mode manuel et ainsi maîtriser la balance des blancs, l’exposition, l’ouverture… Il faudra par contre faire une croix sur la possibilité de modifier le contraste, le sharpness ou la saturation.
Mais la petite taille de l’Osmo Pocket n’a pas que des avantages. Au chapitre des désagréments, on peut évoquer l’absence de prise micro, de pas de vis pour attacher la caméra à un trépied, ou encore l’impossibilité d’extraire la batterie. Sur l’Osmo originale, il y avait bien une prise micro au format mini-jack, un pas de vis pour mettre la caméra sur un trépied ou encore la possibilité de jongler entre plusieurs batteries. Alors, l’Osmo Pocket serait-elle un retour en arrière ?
Oui et non. DJI compense l’absence de prise micro par un adaptateur mini-jack à brancher en USB, qui coûte tout de même 39 euros en plus. De même, s’il est impossible de changer la batterie interne de l’Osmo Pocket elle peut voir son autonomie étendue en branchant une batterie externe en USB ou un étui prévu pour. Enfin, via un autre accessoire, il est possible de fixer la caméra sur un trépied. Bref, DJI a trouvé des moyens détournés pour compenser les désagréments de la petite taille de l’Osmo, même si cela se fait à chaque fois au détriment de sa compacité.
Autre changement de taille, l’objectif de l’Osmo Pocket possède un angle de vue 80°, bien inférieur à celui de 94° proposé par l’Osmo originale. On passe donc de l’équivalent d’un 20mm à un 26mm. Sans être aussi déformant que celui d’une GoPro, le grand angle de l’Osmo originale était très pratique et donnait parfois des plans assez épiques, là où celui de l’Osmo Pocket la rend moins remarquable, plus passe-partout. C’est une question de goût.
En termes de qualité vidéo, l’Osmo Pocket ne se contente pas de prendre la technologie de l’Osmo de 2015 pour la mettre dans un petit format. Elle va plus loin, en proposant du 4k à 60 images par seconde, et avec un bitrate supérieur (100mbps versus 60mbps pour l’Osmo d’origine). Dans les faits, les vidéos de l’Osmo Pocket sont effectivement plus détaillées, même si la différence ne sera peut-être pas flagrante à ceux qui diffuseront uniquement leurs vidéos sur les réseaux sociaux. Je trouve que la qualité de la stabilisation est plus discutable. L’Osmo Pocket ne fait pas de miracle, même si elle fait déjà beaucoup, et je continue de lui préféré la stabilisation de la bonne vieille Osmo.
Faut-il switcher vers l’Osmo Pocket ?
Comme je le disais en introduction, les boutons physiques de l’Osmo originale me manquent encore cruellement lorsque j’utilise l’Osmo Pocket. Le joystick était particulièrement pratique pour repositionner la caméra au cours de l’enregistrement, chose plus difficile avec l’Osmo Pocket lorsqu’on n’utilise pas un smartphone branché en complément. Ergonomiquement, je trouve donc de prime abord l’Osmo Pocket moins bien pensée que l’Osmo originale, mais c’est principalement dû à son form-factor. Je regrette aussi le grand angle de la première Osmo, ainsi que sa grande versatilité, sans avoir besoin d’acheter des accessoires complémentaires.
Plus anecdotique, je suis un peu énervé par la perspective de devoir installer une nouvelle application DJI sur mon smartphone. Avec l’application DJI Go, je pouvais à la fois contrôler l’Osmo originale et un Phantom 3 Professional. Pour contrôler l’Osmo Pocket, je dois maintenant installer DJI Mimo, qui permet aussi de contrôler l’Osmo Action, l’équivalent de la GoPro chez DJI. Et si je voulais contrôler un Mavic Pro, il me faudrait encore une autre application ! Sans doute que DJI préfère ne pas se retrouver avec une usine à gaz en guise d’application unique, mais tout ça ne simplifie pas la vie de l’utilisateur !
L’Osmo Pocket n’en reste pas moins un bijou de technologie, réussissant à offrir une qualité de vidéo supérieur à sa grande sœur dans un mouchoir de poche. Je rêve maintenant d’une version Pro de la caméra, qui permettrait d’accéder aux réglages complets de l’image et qui offrirait à nouveau un vrai grand angle, à l’instar de l’Osmo originale.
En l’état, l’Osmo Pocket s’adresse principalement au grand public, parfaite à emmener partout, en voyage par exemple. Une caméra à mettre dans toutes les poches ? C’est son potentiel, même si on peut se demander si le grand public n’aura pas plus de facilité à manipuler un Sony RX100 par exemple. D’un point de vue professionnel, si sa compacité fait de l’Osmo Pocket un outil très pratique (on peut l’avoir en main en même temps qu’un DSLR par exemple), il va encore me falloir quelques tournages pour que je m’y habitue et arrive à compenser ses petits défauts (sa stabilisation étant, ironiquement, le plus gros d’entre eux).
L’Osmo originale n’est aujourd’hui plus commercialisée par DJI, qui n’offre plus désormais que son stabilisateur pour smartphone (l’Osmo Mobile) ou l’Osmo Pocket. Les professionnels pourront toujours se rabattre sur les stabilisateurs Ronin, prévus pour accueillir un appareil DSLR ou une caméra de plus gros gabarit, dont une nouvelle version vient de sortir, au même prix que l’Osmo Pocket ! DJI marque ainsi la distinction entre grand public et professionnels, sans plus proposer d’intermédiaire entre les deux. Pour ma part, je trouve cette situation un peu dommage et je vais garder précieusement l’Osmo originale… en espérant qu’elle fonctionne encore longtemps.