Le récit raconte l’histoire d’un père qui envoie son fils de dix ans dans une colonie encadrée par des prêtres. Mais au retour des vacances, le petit Benjamin n’est plus tout à fait le même : perte d’appétit, cauchemars, pipi au lit et isolement. Il faudra du temps à Édouard Roussel pour découvrir l’origine de ces symptômes et parvenir à imaginer l’impensable. Animé par un sentiment de culpabilité de ne pas avoir su mettre des mots sur le silence de son fils, ainsi que par un sentiment de vengeance destructrice, il fait irruption dans l’église, détruit tous les objets sacrés qu’il trouve à portée de main et s’apprête à commettre l’irréparable sur le coupable de ces actes pédophiles immondes…
Grégoire Delacourt livre un huis-clos écœurant entre un prêtre pédophile et le père de sa victime, où ce dernier cherche non seulement à assouvir son désir de vengeance, mais exige également la confession du religieux, afin de tout savoir. L’échange qui en résulte est à la limite du supportable car, à travers ce roman, l’auteur choisit de donner une voix à ces enfants qui se sont murés dans le silence et, refusant de taire l’horreur, il nous impose des scènes qui laissent inévitablement des traces. Afin de mieux montrer ce qui a été détruit par le biais de ces agissements insoutenables, il entrecoupe ce face-à-face de souvenirs datant d’une période où l’insouciance et l’innocence n’avaient pas encore été souillés de la pire des manières…
Un roman dérangeant, dénonçant les actes de pédophilie dans le milieu ecclésiastique, qu’il faut dévorer lentement afin d’éviter tout vomissement et qui démontre que la prière n’est peut-être pas le meilleur moyen pour que cela n’arrive plus…
Mon père, Grégoire Delacourt, JC Lattès, 256 p., 18€
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