Partager la publication "[Critique] COLD SKIN"
Titre original : Cold Skin
Note:Origines : France/Espagne
Réalisateur : Xavier Gens
Distribution : David Oakes, Ray Stevenson, Aura Garrido…
Genre : Horreur
Date de sortie : 17 juillet 2019 (DTV)
Le Pitch :
En 1914, un jeune homme débarque sur une île rocheuse située près de l’Antarctique afin d’y procéder à des mesures météorologiques. Il fait alors la connaissance de l’homme qui garde le phare. Un individu étrange et violent qui, toutes les nuits ou presque, se bât avec des hordes d’immondes créatures…
La Critique de Cold Skin :
Xavier Gens est l’un des réalisateurs de films d’horreur français les plus connus. L’horreur mais pas seulement, enfin tout dépend du point de vue que l’on adopte, car Gens a aussi réalisé la comédie Budapest. L’occasion pour lui d’enfin connaître les honneurs d’une sortie en salles après la mise au rencard de The Crucifixion et Cold Skin. Cold Skin qui sort malgré tout enfin aujourd’hui en France, presque 2 ans après sa présentation à L’Étrange Festival. Mais pas au cinéma hein, faut pas déconner non plus… Un traitement symptomatique de la façon dont le cinéma de genre est considéré par les élites décisionnaires dans notre beau pays. En gros, quand on réalise un truc potache et potentiellement tout moisi, avec des comédiens à la mode, ça passe. Par contre, quand on cherche à faire les choses différemment, pour se rapprocher de sensibilités plus anglo-saxonnes par exemple, ça ne passe plus du tout. Bref, s’il est forcément déplorable de voir des films d’horreur français relégués au second plan de la sorte, condamnés avant même d’avoir eu la moindre chance, cela ne veut pas dire pour autant que Cold Skin soit excellent…
Quand Avatar rencontre Cocoshaker
Les plus vieux d’entre vous se souviennent peut-être de cette série animée française intitulée Cocoshaker, dans laquelle deux personnages se disputaient un palmier. Un des deux montait au sommet du palmier et balançait des noix de coco à l’autre pour l’empêcher de lui voler sa place. Et bien dans Cold Skin, un phare remplace le palmier. Bien sûr, personne ne jette des noix de coco. Ici, les mecs au sommet du phare tirent au fusil sur les créatures qui veulent grimper leur faire coucou avec leur petites dents acérées. Des créatures bleues. D’où la mention à Avatar dans l’intertitre. Bref, tout ça pour dire que Cold Skin, comme Cocoshaker, se résume à une succession de scènes méchamment redondantes obéissant à une routine encourageant elle-même un ennui poli. Il fait jour, le personnage principal se pose plein de questions en scrutant l’océan d’un air grave, la nuit tombe, il rejoint son pote en haut du phare et tire sur les monstres. Le matin, il recommence… Cependant, heureusement, sur le forme, Xavier Gens se distingue davantage.
Nul homme n’est une île
On dira ce qu’on voudra de Xavier Gens mais ses films, y compris les plus faiblards, dénotent souvent d’un certain talent de metteur en scène. Ce qu’il faut comprendre par là, c’est que Xavier Gens sait tenir une caméra et offrir à ses histoires des emballages relativement travaillées. Cold Skin s’imposant de plus comme son film le plus abouti sur un plan purement visuel. C’est important de le souligner surtout compte tenu du budget que l’on imagine plutôt réduit. La photographie est soignée et les décors, s’ils se limitent à un bout de terre rocailleuse et à un phare, dénotent également d’une certaine recherche. Cold Skin fait ainsi bonne figure quand il est question d’instaurer une ambiance. Les effets-spéciaux aussi sont plutôt honnêtes, surtout là encore si on considère le caractère modeste de la production. Le scénario, plutôt anecdotique et parfois ridicule, surtout au fur et à mesure qu’avance l’histoire, ayant malheureusement tendance à faire oublier cet aspect des choses. Au final, Cold Skin n’a rien de déshonorant mais peine à atteindre son but. Parfois certes sauvage, il n’est jamais effrayant ou même vaguement inquiétant, ayant surtout pour lui sa production design plutôt exigeante et sa mise en scène parfois efficace lors des affrontements. Autre chose appréciable, Cold Skin évite de sombrer dans l’excès la majorité du temps. Ce qui, quand on considère les précédents films du réalisateur, est plutôt appréciable.
En Bref…
Film d’horreur basique et progressivement ennuyeux, Cold Skin est certes plutôt réussi sur un plan purement graphique mais trop plan-plan narrativement parlant. Lorgnant du côté de John Carpenter et d’autres maîtres du genre, Xavier Gens ne manque pas de bonne volonté mais son film n’arrive jamais à s’extraire de la routine dans laquelle il se réfugie très (trop) vite.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Jose Haro