C’est le nom du prix que va décerner (les 11 et 12 septembre) un jury sous l’égide du Stedelijk Museum d’Amsterdam, lequel n’en finit pas de squatter un immeuble sans grâce près de Nemo, en attendant que les travaux du bâtiment du musée soient terminés (et comme le Rijkmuseum est aussi fermé à 90%, mieux vaut avoir d’autres raisons d’aller à Amsterdam ces temps-ci).
Il y avait cinq ‘nominés’ et, coutumier de ces sautes d’humeur, Peter Friedl s’est retiré la veille de l’ouverture, en grommelant que ce prix était biaisé et non démocratique… Sa salle est vide, donc.
J’ai trouvé l’utopie sociale de Liam Gillick quelque peu indigeste et les sculptures de Rebecca Warren assez ingrates. Restaient donc, à mes yeux, Francis Alÿs et Deimantas Narkevicius. Le marcheur Francis Alÿs montre une vidéo où les chiens errants d’un village mexicain l’attaquent et où sa caméra est sa seule arme de défense; dans la salle voisine, il expose des Camguns, hybrides de caméras et de fusils. La caméra est en elle-même un outil d’agression, et c’est aussi une protection, un bouclier magique (comme les photo-reporters de guerre le savent bien). La démarche d’Alÿs fait jaillir une réalité, une tension, une absurdité révélatrice. Le Lituanien Deimantas Narkevicius montre deux films pseudo-nostalgiques d’une époque où tout était clair, le progrès évident et le monde partagé entre bons et méchants. L’un (The Head) relate la création d’une sculpture gigantesque de la tête de Karl Marx par Lev Efimovich Kerbel (que Narkovicius tenta en vain de faire venir à Münster l’été dernier), l’autre (The Dud Effect) recrée le lancement d’un missile atomique depuis une base soviétique en Lituanie, lancement qui n’eut bien sûr jamais lieu, menace omniprésente et dissuasive. Ce sont à la fois des fictions et des documentaires, des tentatives de revisiter l’histoire et des questionnements sur notre mémoire. J’ai voté pour lui. Ailleurs dans le musée, le plaisir de retrouver la photo africaine avec Snap Judgments et beaucoup d’artistes que j’apprécie beaucoup, Doa Aly, Yto Barrada, Mohamed Camarra, Lara Baladi, Romuald Hazoumé, mais aussi de (re) découvrir, entre autres, le Namibien Hentie van der Merwe et ses photos floues d’uniformes militaires d’antan, évocation fantomatique du passé militaire de l’Afrique du Sud (Cape Mounted Rifles (Dukes), Bandsman (1913-1926)).Et, moins intéressante, l’exposition d’art numérique Deep Screen, avec de sempiternelles animations et “automatisations de la production artistique”, est scandée par un petit jeu où on colle des gommettes bleues au sol (Luna Maurer, Blue Fongus).
Mais elle comprend surtout une installation très menaçante, Spatial Sounds de Marnix de Nijs et Edwin van der Heide : un haut-parleur monté sur un bras tournant à toute vitesse se positionne devant le visiteur que ses capteurs ont détecté et lui vomit un vacarme à 100 décibels; si la cible bouge, le bras la suit, la traque, et continue de la bombarder. Terrifiant !Photos 1 et 4 de l’auteur. Toutes ces expositions durent jusqu’au 30 Septembre.
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 25 août à 06:42
Un nouveau groupe sur Facebook pour les fans de Romuald Hazoumé.