Je voulais partout et toujours voir le côté exceptionnel des choses, je voulais toujours réfléchir à la vie que je menais et pourquoi, afin d'éviter de faire ce que je faisais parce que je l'avais toujours fait, parce qu'un jour je m'étais mise à le faire parce que je pensais que c'était comme ça qu'on faisait.
Je, c'est Maria, une des deux narratrices. Elle a deux jeunes enfants, une fille, Anaïs, et un garçon, Bruno, de deux pères différents, avec lesquels elle ne vit pas, ou ne vit plus.
Anaïs est l'autre narratrice: Bruno et moi n'avons pas de grands-parents. Comme nous n'avons tous les deux pas de père, nous n'avons pas non plus de grands-parents du côté de ces pères que nous n'avons pas...
Maria, mère célibataire, exerce le métier de danseuse dans un bar tenu par Fred. Un jour elle y emmène Anaïs et Bruno parce qu'ils veulent savoir ce qu'elle fait.
Maria revêt une peau qui scintille. Au début du spectacle elle se tient immobile derrière une barre, ensuite elle bouge sur la musique qui est humide, comme le rire de Fred:
Mère bombe la poitrine, son visage touche le haut de la barre, ses talons le bas. Puis elle lève les jambes, les lève par-dessus elle. Ses jambes s'entortillent comme des serpents autour de la barre. Elle tourne sur elle-même, tête en bas. Elle tend les jambes en l'air et, se tenant d'une main, glisse lentement vers le bas en tournant, ses muscles sous la peau luisante, et elle tourne et tourne toujours plus vite et se dissout en or et vert sous mes yeux.
Comment Maria en est-elle arrivée là, comment fait-elle pour voir, dans une telle situation, le côté exceptionnel des choses et comment ses enfants, qui heureusement font la paire, le vivent-ils?
Julia Weber en fait le récit à deux voix précises dans Tout est toujours beau: comme leur existence n'est pas compatible avec ce que tous trois en attendent, mère, fille et fils s'échappent peu à peu de la réalité...
A la suite de la grave décision que Maria prend pour être conforme avec elle-même, ce réflexe bien humain de survie sera salutaire pour elle d'un côté et pour ses enfants solidaires de l'autre.
Francis Richard
PS
En fin de volume l'auteure publie une trentaine de dessins en rapport avec le texte, dont celui de la couverture est un exemple.
Tout est toujours beau, Julia Weber, 288 pages, Éditions de l'Aire (traduit de l'allemand par Raphaëlle Lacord)