Partager la publication "[Critique] CRAWL"
Titre original : Crawl
Note:Origine : États-Unis
Réalisateur : Alexandre Aja
Distribution : Kaya Scodelario, Barry Pepper, Morfydd Clark…
Genre : Horreur
Date de sortie : 24 juillet 2019
Le Pitch :
Hayley part à la recherche son père disparu, ignorant l’alerte concernant un violent ouragan sur le point de s’abattre sur la ville où elle se rend. Sur place, alors que l’eau envahit peu à peu toute sa maison, elle se retrouve rapidement confrontée à de furieux alligators…
La Critique de Crawl :
Le film de monstre aquatique semble revenir à la mode. Après un En eaux troubles l’an dernier qui nous avait laissé sur notre faim, c’est au tour de notre frenchy, Alexandra Aja de venir s’essayer au genre avec Crawl. Un genre que le réalisateur français connaît puisqu’il avait déjà signé un Piranha 3D en 2010 plutôt fun. Pour autant, et il l’a dit lui-même, son nouveau film s’inscrit à l’exact opposé de sa tentative précédente. Oubliez le second degré, l’humour potache, les bimbos super sexy et place au pur film d’exploitation chargé en adrénaline. Un retour aux sources, au Aja que l’on aime, celui de ses premiers films. Un retour sacrément gagnant !
La flotte a des dents
Depuis le choc de La Colline a des yeux, l’un des rares remakes qui peut s’enorgueillir d’exploser de toutes parts son modèle, Alexandra Aja avait du mal à retrouver la bonne inspiration. De Mirrors à La 9ème vie de Louis Drax en passant par Piranha 3D et Horns, quelque chose clochait toujours et on n’arrivait jamais, malgré toute la bonne volonté du monde, à s’enthousiasmer sur les travaux de celui qui a signé l’un des rares très bons films d’horreur français de ces 20 dernières années (Haute Tension). Crawl arrive à point nommé pour nous rappeler qu’Aja est capable de bien belles choses quand il est libre de ses choix (Sam Raimi en producteur, a semble-t-il ici agi comme la bonne fée cinématographique), travaille avec un budget confortable, et se lance dans un univers de film B qui lui scie à merveille.
Faisant fi d’un récit qui nage dans des eaux très formatées à l’image de ses protagonistes principaux, une jeune femme, ex-championne de natation et son père, coach sévère dont les relations ne sont plus au beau fixe, Aja se consacre avant tout à la mise en place de son suspense aquatique. Dans un première partie très anxiogène, il va jouer avec les recoins d’un sous-sol de maison pour orchestrer un huis-clos des plus stressants, la menace reptilienne pouvant jaillir à chaque instant dans le cadre pour faire autant frémir notre duo d’acteurs que le spectateur. Et diable que tout ceci fonctionne parfaitement. D’autant que l’on retrouve ici l’appétence du cinéaste pour des plans qui ne lésinent pas sur la chair arrachée. Les attaques des alligators s’avèrent ainsi particulièrement virulentes et graphiques. Aucune place n’est faite à l’humour et la punchline, à une petite exception près, est bannie. On est là pour avoir peur ou du moins être constamment sous tension.
La Tempête du siècle
Pour remplir plus que de raison ce cahier des charges, Aja s’est souvenu de ses déconvenues techniques sur Piranha 3D. En effet, suite à une post-production catastrophique, il n’avait jamais pu montrer les piranhas sous le jour espéré. Hors de question de se retrouver dans le même enfer cinématographique : ses alligators/crocodiles ont donc bénéficié d’un soin tout particulier. Un tiers d’un budget dépassant les 15 millions de dollars a été attribué à la conception et la mise en images des monstres aquatiques. Et le résultat à l’écran impressionne. Plus vrai que nature, les prédateurs nous font jubiler de bonheur et on vient presque à regretter que la caméra ne les filme pas plus longtemps. On n’est pas loin d’avoir sur l’écran les plus réussis crocodiles CGI de l’Histoire (soit l’opposé absolu de ceux découverts dans l’affreux remake de Tarzan).
Au paradis du B movie qui en donne pour son argent (la direction artistique est bluffante), il y a toutefois quelques petits bémols que l’on qualifiera de très mineurs fort heureusement. Le récit n’est ainsi jamais vraiment surprenant, surtout si vous avez encore en tête la bande-annonce du film qui a eu le tort de trop en montrer. On a beau être sous tension constante, la peur pour le sort des protagonistes n’en est que relative. Il y aussi une légère frustration de voir quelques séquences qui auraient pu devenir anthologiques, n’être (mais c’est déjà énorme) que d’efficaces scènes de suspense/effroi. On pense notamment à cette géniale idée de la traversée au moment de l’œil du cyclone qui méritait un sort encore plus spectaculaire ou encore à ce flippant jeu de chat et de la souris dans une salle de bain dont le suspense aurait pu être rallongé.
En Bref…
Mais arrêtons là de faire la fine bouche, oublions que Crawl titille sans jamais le dépasser le maître étalon du film de crocos qu’est le formidable Solitaire (Rogue) de Greg McLean, et contentons-nous de nous réjouir qu’Alexandre Aja ait retrouvé tous ses pouvoirs de maître de la série B horrifique pour nous offrir l’un des morceaux de cinéma les plus réjouissants de l’été. Le genre de spectacle que l’on prendra un malin plaisir à revoir plus d’une fois.
@ Laurent Pécha
Crédits photos : Paramount Pictures France