Climats

Publié le 19 juillet 2019 par Hunterjones
Quand j'ai lu le livre de la victime de Roman Polanski (je vous dis pas son nom, cherchez-le, elle veut la paix de toute manière). J'ai été étonné de voir à quel point elle ne s'était jamais considérée comme victime de Polanski. Même si elle affirme qu'il a bien commis un crime.
La jeune fille avait 13 ans. Trois ans avant, avec une amie, elle jouait autour de chez elle. Un homme s'est arrêté en voiture et les as invité à monter à bord. La future victime de Polanski a tout de suite dit à son amie de déguerpir, et elle a joint l'acte à la parole. Mais son amie, elle, est restée paralysée sur place. Le vieux dégueulasse l'a kidnappée, battue et violée. La future victime de Polanski l'a appris le lendemain.
Pour elle, un viol, c'était accompagné de contraintes et de violence. Dès ses 10 ans.

Trois ans plus tard, quand elle s'est présentée chez Jack Nicholson pour la seconde session photo avec Roman Polanski, qui avait commencé à la dénuder sur pellicule dans la première session, chez Jacqueline Bisset, Roman lui a servi des qualludes et de l'alcool. Une jeune fille de 13 ans! elle a vite molli. Mais tout le reste se serait fait en douceur. Comme il n'y avait pas eu de violence, elle n'a pas compris tout de suite qu'elle était victime de viol. Elle n'avait que 13 ans. Mais elle savait que ce n'était pas normal. Qu'elle avait dit "non" à toutes ses avances. Et que la contrainte y était pour vrai. Que pouvait faire une jeune fille de 13 ans face à un homme, même chétif, de 39 ans? Sans provoquer de la violence?

Forte tout de même, elle s'est promise de ne jamais se laisser abattre dans le rôle de la victime. Ça a beaucoup joué contre elle. Elle resterait stupéfaite et déçue du monde adulte de constater que ses avocats souhaitaient qu'elle "eût souffert davantage". Qu'elle soit plus gravement "endommagée".  Elle n'était pas assez victime ce qui amenait un capital de sympathie à Roman qui disait platement "Je ne peux pas croire que j'irais en prison pour avoir fait l'amour!".
À UNE FILLE DE 13 ANS!!! Comment peut-on désirer une fille de 13 ans? C'est de l'abus absolu! Et il a altéré ses perceptions en lui faisant prendre du "Cosby special". Même en disant non, elle se retrouvait à plat ventre. 
Ça l'a humilié. Et de nos jours, elle doit s'isoler avec sa famille quand l'histoire du viol refait surface. Ce qui la place au coeur de l'histoire à chaque fois. Et l'embarrasse face à ses grands enfants. Qui savent aujourd'hui tout grâce au net. Et qui ne voient plus maman de la même manière.
Maman qui, depuis ses 13 ans, vit dans un climat différent des nôtres.


Ce n'est pas du même ordre mais ça relève aussi de la météo intérieure.
Sue Montgomery. Vous connaissez son tourment? Il s'appelle Robert Micheal Edgar. Une sous-merde.
Edgar, un homme en besoin d'attention, a été expulsé de son église protestante il y a plus de 20 ans. Déjà, ça pue le problème. Que doit-on faire pour être expulsé pour d'une église? Faut être embarrassant en maudit. Sue Montgomery a fait la rencontre de cet homme qui faisait le pied de grue devant l'église protestante qui l'avait expulsé, criant à l'injustice. Sue était alors journaliste pour la presse écrite. Il lui a collé au cul. Parle de cette injustice lui disait-il, lui expliquant tout. Elle a vite compris que la personnalité envahissante de M.Edgar y était pour beaucoup. N'a pas jugé que son histoire valait l'imprimé. Et n'a pas raconté ce qu'il considérait comme une injustice. Ne plus avoir le droit d'être déséquilibré davantage par la religion.

Sue a été harcelée dès ce moment. Hey! tu n'as pas parlé de mon histoire! tout le temps. Sue était, elle, non seulement journaliste, mais membre de cette église protestante. Membre de ce qu'il n'était plus. Elle était la fille de l'intérieur. Qui pouvait le nourrir en nouvelles de l'intérieur ou mieux dire un mot ou deux pour lui à ceux qui le réintégreraient peut-être dans le temple religieux.  Il la harcelait.
Fatiguant mais pas encore trop grave.

En 2014, Sue a rendu publique, bien avant #MeToo, l'histoire de son grand-père à elle qui l'avait abusée sexuellement dans son enfance. Edgar, filmait les corridors des palais de justice comme si c'était son boulot. Il filmait aussi Sue, qui s'y trouvait comme chroniqueuse judiciaire. Edgar a trouvé une pirouette mentale (ou une incompréhensible excitation) à l'histoire de Miss Montgomery et l'a suivie davantage. Quand elle s'est présenté en politique, il a pris la première rangée afin de simplement la filmer. Et lui reprocher, par son blogue, sur place, ailleurs, les abus sexuels dont elle avait été victime. Jugeant qu'elle inventait une histoire si grosse que ça étoufferait la sienne à lui. Troublant.

Il l'a placé en images 17 fois sur Twitter, 6 fois sur Youtube. Le caractère obsessif devenait évident. Il la pourchassait partout et dans sa tête détraquée, il lui scandait de "se repentir" et de "s'excuser auprès de lui".
Mais de quoi? De ne pas lui accorder l'attention qu'il recherche?
Faut le voir quand les micros se tendent vers lui. Il n'est jamais plus fier. Mais les médias connaissent l'obsédé et ne diffusent assez peu ce qu'il a à raconter ou à dire. Sinon rien.

Quand Sue Montgomery l'a "croisé" dans la rue où elle habite et qu'il l'a approché pour lui parler, elle a trouvé que c'était trop. Déjà qu'elle le voyait partout et le redoutait partout. Un cauchemar prenait vie.
Elle la poursuivi. Mais, trop content d'avoir enfin une audience. Edgar a présenté fièrement ses vidéos. Et dans ceux-ci, Montgomery ne montre pas la peur qui l'envahit.

La juge a acquitté Edgar parce que Montgomery n'était pas assez victime.
Son climat intérieur n'a pas été suffisamment affiché.
Grossier et terrible.
Bien entendu, depuis hier, son équipe fait appel.   
Et Edgar doit soigner ses obsessions. Car il ne semble que poison. Pernicieux poison.
Montgomery a droit de meilleures conditions météo.