Gabrielle Althen – Crime

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Vous aimiez les sables jaunes de l’orage
Le ciel pleurant à part
Et la pluie rétractile
Qui ne dérange pas
La meule des jours vides abrase votre foi

Vous aimiez la beauté que rogne la torpeur
Et le temps qui s’usait
Les fissures dans les murs
Et les phrases non dites
Le jour à part mâche son foin
Sommes-nous donc coupables ?

Un son de flûte en vain coule dans la rigole
– Ô musique !
Musique sans nous dans l’instant qui s’élève ! –
Serions-nous si coupables ?

Vous vous prêtiez de pauvres sous pour vous distraire
C’était perdre la fable
Pourtant la roche sans égard vous montrait la mâchoire
C’est toujours l’heure d’une dureté précoce
La décision s’étranglait dans l’enclos
Les angles sont de fer

Quand le soleil revenait
Il vous montrait le poing !

Ah ! Le silence, l’action, la fable !
Que la musique nous protège !

***

Gabrielle Althen (née en 1939)PoèmesSiècle 21 N° 23, automne 2013