Je pige dans les albums que j'ai chez moi ou sur mon téléphone.
Le titre de la chronique mensuelle est inspiré de 4 albums que j'ai tant écouté que j'en connais toutes les notes, toutes les variations, dont la musique est composante de mon ADN.
Par ordre de création:
Blonde on Blonde de Bob Dylan.
The Idiot d'Iggy Pop
Low de David Bowie
The Unforgettable Fire de U2
B.I.B.I. c'est bibi, moi. C'est aussi la terminaison du terme habibi, voulant dire en dialecte irakien: Je t'aime.
Musique, je t'aime.
SAFE AS MILK DE CAPTAIN BEEFHEART & HIS MAGIC BAND
1967.
L'invasion musicale britannique est partout. Aux États-Unis, tout le monde tente de rivaliser en montant ses propres groupes. La côte Ouest des États-Unis gronde fort. Les Doors en sont issus. Jefferson Airplane, The Grateful Dead, les Beach Boys, tout le monde tente d'y mettre du sien afin que l'Amérique se réapproprie le rock n' roll. Frank Zappa est un mordu de musique de tous genre. Du classique au jazz, en passant par l'expérimental, le doo-wop, la pop, le rock et le progressif. Rassembleur, il se monte plusieurs Mothers of Inventions. Avec Don Van Vliet, toutes les nuits, Frank écoute de la musique en fumant des joints et en buvant. Frank trouve le moyen de créer dans le processus et Van Vliet en est impressionné.
Il choisira de monter son propre band lui aussi. Qui, toute sa carrière, aura des géométries variables. Il forme son Magic Band. Avec Doug Moon et Richard Hepner aux guitares. Jerry Handley à la basse et Alex St-Clair à la batterie. On lance quelques singles avec cette équipée. Mais très vite, on joue à la chaise musicale. St-Clair passe de la batterie à la guitare, Hepner quitte. Moon est remplacé par Ry Cooder, coup de génie, qui n'a que 20 ans. Handley colle à sa basse. John French se loge à la batterie.
Largement influencé par ses inspirations blues, Van Vliet et sa troupe offriront 12 morceaux sur un premier album qui restera le plus "grand public". Même si il ne pogne nulle part. Pas même aux États-Unis.
Bien qu'il ne vende pas bien, il a des admirateurs célèbres. John Peel, de la BBC, adore ce qu'il entendra. Dans l'appartement de John Lennon, après sa mort, deux tasses auront comme un collant promotionnel de l'album, tasses dans lesquelles, John devait mettre du lait...
Vers le début des années 90, j'ai eu une passe Delta Blues. Qui me semblait plus incarné que le grunge que je ne digérais pas du tout. Je découvre alors Captain Beefheart. Et ce fameux album.
Dès le départ, on ne laisse aucun doute sur la couleur qu'aura ce disque. Blues brut. On pourrait croire un noir chantant ce morceau calqué sur Muddy Waters. On cite aussi Canon's Jug Stompers. Pas fâcheux du tout.
La côte Ouest des États-Unis ne sonne pas mieux sur cet album que sur le morceau suivant. On imagine facilement un surfeur en action. J'ai été surfeur furtif à Hawaï pendant une semaine des années après avoir découvert ce morceau. Que j'imagine facilement les personnages de Scooby-Doo chanter si ils étaient un band.
Van Vliet composera seul ce morceau. Il sonne un peu motown là-dessus. Pas mauvais du tout.
Van Vliet peux faire sonner son band comme son ami Zappa. Le morceau qui suit le démontre bien. Bien qu'Animal dans Sesame Street eu été inspiré de Keith Moon, de The Who, moi j'ai clairement en tête Animal quand Van Vliet utilise cette voix pour chanter.
Toute sa carrière Capitaine coeur de boeuf aura une couleur motown dans la gorge à l'occasion. Offrant comme ça, des petites pauses de guitares, mais toujours blues.
La Face A se ferme sur un morceau que le patron de la compagnie A & M ne voulait pas que sa fille entende, jugeant le morceau trop négatif. Il avait alors refusé de signer le groupe. Jouant cette chanson, effectivement étrange, au Fantaisy Fair & Magic Mountain Music Festival, en 1967, année de la parution de l'album, Beefheart a arrêté de chanter en plein milieu, a ajusté sa cravate, a quitté la scène et est tombé en pleine face dans le gazon. Il s'est expliqué par la suite en disant qu'il avait aperçu une fille dans la foule se transformer en poisson rouge. S'en était trop pour le jeune Cooder qui a alors quitté le groupe. Cherchant plus de stabilité.
La Face B s'ouvre sur le premier single qui sera lancé. Qui ne fera pas mouche sur les ondes radio. Il n'y avait pas qu'Elton John qui s'intéressait aux briques jaunes de Dorothy.
Le troisième morceau de la Face B sera le second single promotionnel. Il y a quelque chose de Jethro Tull dans le livraison du morceau. La flûte étant remplacée par l'harmonica. J'aime beaucoup. Van Vliet chante grotesque.
La chanson qui suit trempe dans le psychédélisme. C'est aussi la Face B du second single. Les 4 premiers morceaux de la Face B seront plus publics que les autres.
L'avant dernière chanson de l'album est une reprise de Robert Pete Williams. Cooder, malgré son jeune âge est une influence majeure sur ce premier album et probablement la raison principale pour laquelle la qualité de l'album reste, à mon humble avis, la meilleure pour Capitaine coeur-de-boeuf et son groupe magique.
Le dernier morceau est très Frank Zappa dans la construction. Un mélange de early Pink Floyd (Pink Floyd de 1967, alors?) et de Zappa et ses mères inventives.
Herb Bermann se dévoile seulement en 2003. Dans son livre.
Safe as Milk sur CD a 7 morceaux de plus. Dont la prise 5 de la pièce titre, et la prise 9 de Trust Us. Certains de ses morceaux seront disponibles sur des albums subséquents.
Ce premier album est pour amateur de blues, surf, Zappa, slide guitar, animal dans Sesame Street, effluves de motown, 60's rock de la côte Ouest, piliers de bars, intoxications nocturnes.