Le musée également appelé Maison d’artiste de La Grande Vigne est installé dans une belle bâtisse malouinière surplombant la Vallée de la Rance, au 103 rue du Quai sur le port de Dinan (Côtes-d’Armor). Cette exposition est une manière inédite et ô combien intéressante d'exposer 140 lettres ornées de croquis rehaussés à la gouache qui sont toutes des œuvres à part entière exécutées par le peintre Mathurin Méheut dont nous pourrions dire: comme il écrivait sa peinture, il peignait son écriture.
Ces lettres nous renseignent sur le travail et la vie de cet artiste qui a entretenu de 1926 à 1954 une longue correspondance avec Yvonne Jean-Haffen. Ne pouvant pas imaginer que cette collection unique soit dispersée à sa mort, Yvonne Jean-Haffen qui avait conservé ces lettres pieusement en avait fait donation à la Ville de Dinan avec son propre fonds d'atelier ainsi que sa maison de la Grande Vigne.
Construite en 1830, la bâtisse de la Grande Vigne se situe au milieu d'anciennes vignes surplombant la Rance comme l'atteste des documents du Moyen Âge. La maison était à l’abandon sous les mousses et les fougères depuis plusieurs années et c'est grâce à Mathurin Méheut qu'Yvonne Jean-Haffen et son époux en découvrant la Bretagne tomberont sous le charme des lieux et décideront en 1937 de racheter la maison où Yvonne pourra y installer son atelier d'artiste.
Yvonne Jean-Haffen entreprend alors la rénovation et décoration de la maison, qui lui inspire des décors inédits. Elle peint notamment une grande fresque sur le mur de la salle à manger inspirée de la vie maritime bretonne et dans les pièces à l'étage dédiées aux chambres, des fresques de scènes familiales.
Yvonne Jean-Haffen est née à Paris en 1895 et est décédée en 1993 à l’âge de 98 ans à Léhon, ville qui jouxte Dinan.
À Paris elle fréquenta l'école d'art privée, l’Académie de la Grande Chaumière, célèbre académie faisant rayonner la vie artistique et intellectuelle de Paris dont les artistes les plus connus furent: Gauguin, Modigliani, Foujita et Eileen Grey.
Yvonne Jean-Haffen a débuté sa carrière d’artiste peintre et céramiste dans les années 1920.
En 1925, elle deviendra l’élève du peintre breton Mathurin Méheut (1882-1958), natif de Lamballe (Côtes-d'Armor), puis progressivement elle sera sa collaboratrice pour la décoration de grandes fresques, notamment pour le décor de l’immeuble du roi du ketchup, H.J. Heinz à Pittsburgh, dont elle avait exécuté au préalable les maquettes.
Il est vraiment intéressant de voir l'émulation artistique positive et enrichissante entre les deux artistes bretons, dont la vision et le coup de pinceau si similaire leur permettaient de peindre à quatre mains sans difficulté.
Dans ses mémoires, Yvonne Jean-Haffen écrira: "il s'agissait de grandes décorations murales de 6 mètres de hauteur et il fallait grimper sur des échafaudages, c'était très fatigant. On travaillait comme dans les ateliers de la Renaissance où il y avait le maître et les élèves; Méheut concevait l'idée et apportait à la fin les dernières touches qui donnent le style. Je dessinais et passais les premières couleurs. Ensuite il terminait".
Mathurin Méheut à la fois professeur et illustrateur fut lauréat d’une bourse "Autour du monde" attribuée par la Fondation Albert Kahn crée en 1898, prenant le nom de son premier mécène. Cette bourse permettra à Méheut de faire un séjour de plusieurs mois au Japon en 1914 pour y découvrir la culture. Méheut dispose aujourd’hui d’un musée qui lui est essentiellement dédié situé dans sa ville natale de Lamballe; ce musée est installé dans une maison de bois du XVe siècle appelée " la maison du bourreau " où sont exposées environ 5000 de ses œuvres. Yvonne Jean-Haffen en a assuré la direction de 1972 à 1992.
Albert Kahn, banquier et philanthrope (1860-1940) disait "je ne vous demande qu'une chose, c'est d'avoir les yeux grands ouverts". En 1928, il invitera Mathurin Méheut et Yvonne Jean-Haffen dans sa propriété du Cap Martin la Villa Miramar où cette dernière peindra plusieurs tableaux dont Jardin d'Albert Kahn et le Pavillon japonais.
Le talent de céramiste d'Yvonne Jean-Haffen sera mis à contribution pour réaliser des pièces de céramique pour la célèbre faïencerie Henriot à Quimper, ainsi que pour la Manufacture Nationale de Sèvres.
En 1934, Yvonne Jean-Haffen travaillera à la décoration de la salle de jeux des enfants pour le paquebot Paul Doumer qui assurait la liaison de Marseille vers l'Extrême Orient. En même temps, Méheut réalisait les panneaux de la salle à manger des premières classes.
Yvonne Jean-Haffen en collaboration avec Méheut travaillera aux décors d'une douzaine de paquebots dont l'Île-de-France, Maréchal Joffre, France et l'Éridan où elle proposera un décor de casoars et de cactées.
Elle a illustré de nombreux livres notamment ceux de Roger Vercel et de La Varende. Son œuvre est particulièrement féconde et permet au musée d’organiser chaque année des expositions thématiques.
En août 1936, accompagnée de Mathurin Méheut elle fera la connaissance d’un autre peintre breton Yves Floc’h (également professeur de dessin au collège de Dinan) à l’occasion d’une visite à La Chapelle Sainte-Anne-La-Palud pour le Grand Pardon annuel.
De 1940 à 1945, La Grande Vigne deviendra un lieu de rencontre pour écrivains, Roger Vercel et Florian Le Roy entre autres, ainsi que pour des artistes régionaux, Mathurin Méheut bien sûr et Yves Floc'h rencontré huit ans plus tôt.
En 1987 au crépuscule de sa vie, elle en fera don à la ville de Dinan ainsi que sa propriété de la Grande Vigne. Sa collection comprend 4000 œuvres en dessins, peintures, céramiques, affiches, photographies et plus particulièrement, 1470 lettres ornées de dessins et rédigées par Mathurin Méheut tout au long de sa longue correspondance avec Yvonne Jean-Haffen de 1926 jusqu'à 1954, quatre ans avant la mort du peintre. Ce sont des lettres authentiques avec peu de mots, mais beaucoup d’images.
Dès 1993, la Grande Vigne devenue musée est ouverte au public pour des expositions. La propriété dans son ensemble est inscrite au titre des monuments historiques et vient d’obtenir le label "Maison des Illustres".
Aujourd’hui, la maison musée a conservé son atmosphère chaleureuse où le temps semble s'être arrêté comme si Yvonne Jean-Haffen nous attendait dans son salon pour prendre le thé en compagnie d’autres artistes peintres ou littéraires pour disserter ou écouter de la musique classique jouée par un pianiste de renom.
Le conservateur du musée nous fait découvrir parmi les tableaux et les céramiques d'Yvonne Jean-Haffen, une sélection de 108 lettres dessins que lui a adressés Mathurin Méheut au cours de ses voyages que ce soit en Bretagne, dans le sud de la France où à l’étranger et en particulier de son séjour au Japon en 1914. Les lettres revêtent un double intérêt à la fois artistique et documentaire. Celles-ci nous emportent par la douceur des dessins en nous faisant voyager; malheureusement les textes dont l’écriture s’est fanée ne sont pas toujours lisibles. Le visiteur peut donc découvrir au rez-de-chaussée la salle à manger présentant des dessins de Bretagne et de Provence et dans le salon des dessins traitant du Japon. Dans le couloir de l’étage sont accrochés des tableaux de plantes exotiques pour aboutir à la chambre où séjournait Mathurin Méheut ainsi que l’Atelier d'Yvonne Jean-Haffen.
En arrivant au musée, le visiteur découvre d’abord le charmant jardin de la propriété d'environ deux hectares en gravissant plusieurs escaliers de granit couverts de lichen, entrecoupés d'allées ombragées bordées de rosiers et de plantes de sous-bois. Avant d’atteindre le musée, au tout dernier palier, le vélo ayant appartenu à Mathurin Méheut venu rendre visite à Yvonne Jean-Haffen y attend encore son propriétaire. "Ô temps! Suspends ton vol" aurait dit Lamartine.
Mathurin Méheut disait en évoquant la Grande Vigne: "Ici c’est Le Paradou".
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