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Max | Je me souviens 5

Publié le 15 juillet 2019 par Aragon

480

« Je me souviens »,

souvenirs datant d’entre 1953 et 2019,

Perec m’en a donné le goût et l’envie,

je me suis dit pourquoi-pas moi ? J’ai essayé...

Si vous voulez, je vous invite à mettre en route

une zik d’Erik Satie (Gymnopédies par exemple)

pour la juxtaposer au texte pendant que vous lirez ces

« Je me souviens »

Satie colle mieux qu’Uhu

et que quoi et qui que ce soit, je le pense,

à mes (des) bribes de souvenirs…

301/

je me souviens du facteur Ferdinand Cheval (1836/1924), architecte des anges, ange des architectes, ramasseur de cailloux, constructeur d’édifice éternel. Ferdinand Cheval, son génie simple, à jamais

302/

je me souviens de Séraphine de Senlis (1864/1942), peintresse, ses fleurs et ses couleurs, ses toiles, uniques, de son génie simple, à jamais

303/

je me souviens de la chanson « Melocoton » de Colette Magny, émotion si grande

304/

je me souviens de la chanson « Perlimpimpin » de Barbara, émotion si grande… Pour qui, combien, quand et pourquoi ? Contre qui ? Comment ? Contre quoi ? C'en est assez de vos violences D'où venez-vous ? Où allez-vous ? Qui êtes-vous ? Qui priez-vous ? Je vous prie de faire le silence, Pour qui, comment, quand et pourquoi ? S'il faut absolument qu'on soit Contre quelqu'un ou quelque chose, Je suis pour le soleil couchant En haut des collines désertes Je suis pour des forêts profondes, Car un enfant qui pleure, Qu'il soit de n'importe où, Est un enfant qui pleure, Car un enfant qui meurt Au bout de vos fusils, Est un enfant qui meurt Que c'est abominable d'avoir à choisir Entre deux innocences ! Que c'est abominable d'avoir pour ennemis Les rires de l'enfance ! Pour qui, comment, quand et combien ? Contre qui ? Comment et combien ? À en perdre le goût de vivre, Le goût de l'eau, le goût du pain Et celui du Perlimpinpin Dans le square des Batignolles ! Mais pour rien, mais pour presque rien, Pour être avec vous et c'est bien ! Et pour une rose entrouverte, Et pour une respiration, Et pour un souffle d'abandon, Et pour ce jardin qui frissonne ! Rien avoir, mais passionnément, Ne rien se dire éperdument, Ne rien savoir avec ivresse Et riche de dépossession, N'avoir que sa vérité, Posséder toutes les richesses, Ne pas parler de poésie, Ne pas parler de poésie En écrasant les fleurs sauvages Et voir jouer la transparence Au fond d'une cour au murs gris Où l'aube n'a jamais sa chance Contre qui, ou bien contre quoi ? Pour qui, comment, quand et pourquoi ? Pour retrouver le goût de vivre, Le goût de l'eau, le goût du pain Et celui du Perlimpinpin Dans le square des Batignolles, Et contre rien et contre personne, Contre personne et contre rien, Et pour une rose entrouverte, Pour l'accordéon qui soupire Et pour un souffle d'abandon Et pour un jardin qui frissonne ! Et vivre, vivre passionnément, Et ne combattre seulement Qu'avec les feux de la tendresse Et riche de dépossession, N'avoir que sa vérité, Posséder toutes les richesses, Ne plus parler de poésie, Ne plus parler de poésie Mais laisser vivre les fleurs sauvages Et faire jouer la transparence Au fond d'une cour aux murs gris Où l'aube aurait enfin sa chance.

305/

je me souviens de la chanson « Mistral gagnant » (1985) de Renaud Séchan, pour moi la plus belle chanson du monde, espace anglophone compris

306/

je me souviens de la divine odeur du jambon grillé posé en un nid de braises de bois (important, pas de charbon) sur le grill dans la cheminée, elle montait jusque dans ma chambre à l’étage dans les petits-matins de mon enfance à Castel-Sarrazin… Conseil : une simple tranche de très bon pain frais, surtout pas grillé, un peu de beurre bio de baratte tartiné dessus et cette fameuse et généreuse tranche de jambon grillé

307/

je me souviens de mon ami Éric Delignat ( bébien cf. 480/ ) qui fait la meilleure tortilla du monde

308/

je me souviens de « Mamie » Laffitau, immense et si talentueuse cheffe cuisinière de feu « l’hôtel & restaurant des Voyageurs » à Amou, qui préparait les meilleurs ris de veau et la meilleure omelette norvégienne du monde

309/

je me souviens, sans me la péter, que j’ai permis par mon courrier enthousiaste adressé au Guide Michelin de faire que « l’Auberge du Vieux Puits » trois étoiles aujourd’hui, du formidable chef Yves Goujon (M.O.F.) à Fontjoncouse, Pyrénées-Orientales, obtienne sa première étoile en 1997

310/

je me souviens que l’ail que j’adore immodérément est utilisé depuis plus de cinq mille ans en région méditerranéenne

311/

je me souviens du goût incroyable d’une simple poêlée de vrais cèpes variété « tête de nègre », petits, tout jeunes, bien fermes, ramassés du matin, aillés et persillés, que ça dans une assiette, rien d’autre

312/

je me souviens du goût du dessert, les « œufs au lait » cuisinés par ma mère, cuits au four, incroyable !!!

313/

je me souviens du goût incomparable de la crème Chantilly que faisait autrefois ma grand-mère maternelle de Castel-Sarrazin avec la peau de la crème du lait cru et frais, trait le matin même, montée au fouet à moulinet, de son montage au sucre cristallisé roux non raffiné, trois gouttes de rhum, un coeur de gousse de vanille gratté, un point c’est tout... Chantilly divine qui n’existe plus que dans la mémoire de mes papilles.

314/

je me souviens des pieds de vigne et des raisins qui bordaient des deux côtés une allée du petit jardin de notre ferme de Castel-Sarrazin, c’était des Chasselas blancs, si délicieux en fin d’été, mon pépé les partageait toujours avec les survenants d’été, assoiffés et poussiéreux, qui pouvaient venir se reposer et s’asseoir sur la margelle du puits du jardin, et croquer les grains blancs, rafraîchissants...

315/

je me souviens que ma grand-mère de Castel-Sarrazin étalait pour les mettre à sécher sur le trottoir devant sa maison, des corbeilles de haricots blancs dits maïs, qui grésillaient véritablement les soirs d’été sur le ciment et dégageaient une odeur incomparable, inoubliable

316/

je me souviens de ce que j’ai fait de mes dix doigts depuis l’âge de quatorze ans : j’ai été tueur en abattoir, éboueur, laboureur-paysan, mécanicien auto & engins blindés, militaire sous contrat, tireur d’élite, fonctionnaire d’État de catégorie B, diététicien, chef du service scolarité à l’UFR Lettres de l’Université de Pau & Pays de l’Adour, croque-mort, j’ai écrit de la poésie, du théâtre, des romans, j’ai peint, j’ai planté des légumes et des fleurs dans le jardin de ma mère, sur mon balcon parfois

318/

je me souviens de James Dean. James Dean tout court, je ne rajoute rien d’autre

319/

je me souviens du coquillage ( céphalopode tétrabranchial marin ) « Nautile » que m’a donné en Nouvelle-Calédonie mon ami Hatane. Forme exceptionnelle et sublime. Archétype du parfait

320/

je me souviens de Jean-Pierre Chabrol (1925/2001) qui racontait ses histoires extraordinaires dans la télé des années soixante. Chabrol, son coeur, son âme cévenole, sa voix, sa bonhomie, sa pipe

321/

je me souviens des peintures et dessins magnifiques de mon fils Pierre, vrai artiste

322/

je me souviens de l’intelligence vive de ma fille Maya, son coeur, sa générosité exceptionnelle

323/

je me souviens de Théodore Monod (1902/2000), de sa recherche impossible de la gigantesque météorite mythique ( énorme masse métallique de 40 mètres de haut pour 100 mètres de large !!! ), à environ 45 kilomètres dans le désert de Chinguetti en Mauritanie, ses livres fantastiques, les vidéos magiques dans lesquelles il intervient

324/

je me souviens de Patrick Molia, un copain d’école qui avait un jour emmené dans la classe, à l’insu de l’instituteur, un monceau de mercure liquide dissimulé et plié dans son grand mouchoir en tissu, notre émerveillement incrédule, ravis, niais, devant cette masse qui se divisait, roulait lentement, s’assemblait, roulait encore, comme pesamment, en silence, ça avait été très inquiétant, mystérieux, pour moi d’assister à ça

325/

je me souviens des nids d’hirondelles dans la ferme de mon enfance, scotchés aux poutres de la grange, des petites têtes noires sortaient de temps à autre, des becs affamés s’ouvraient et piaillaient, la noria permanente des vaillants parents nourriciers, extraordinaires petites, besogneuses et si belles hirondelles…

326/

je me souviens que ma grand-mère de Castel-Sarrazin me disait que les hirondelles parlaient. Par exemple, écoute me disait-elle, et nous levions la tête pour voir les hirondelles posées sur un fil électrique qui babillaient incroyablement au-dessus de nous... « tchitchit...chipipipipi...tititit…. » Mémé me donnait au bout d’un moment la traduction en patois….. « qué taillèbe et que cousibe... qèm liébèbe de matí... » ce qui donnait en français «  je taillais et je cousais… je me levais de bon matin... », j’adorais quand mémé parlait le langage hirondelle

327/

je me souviens de Frédéric Pottecher (1905/2001) chroniqueur judiciaire à la TV des années quarante à soixante qui m’a fait aimer le système judiciaire en France, il a couvert tous les grands procès du XXᵉ siècle, il avait une voix et une personnalité formidables, il était profondément attaché au combat contre la peine de mort

328/

je me souviens de Guy Lux à Dax, Léon Zitrone à Saint-Amand et de cette émission « Intervilles » ludique, sportive, culturelle, qui faisait se rassembler la France entière derrière le petit écran des années soixante ; ouah !!!! Cette fameuse finale Dax / Saint-Amand-les-Eaux le jeudi 27 septembre 1962, Dax avait gagné

329/

je me souviens avoir pensé, grâce à Evelyne ma douce amie que j’aime, qu’il ne faudrait se souvenir que des gens bien, dans tous les domaines, et dieu sait s’il y en a, oublier les connards, ceux qui ont un cerveau qui pue, les taire

330/

je me souviens, c’est tout frais, c’est de ce jour, samedi 29 juin 2019, avoir pensé que la capitaine du « Sea-Watch » Carola Rackete qui a forcé le blocus italien et accosté de force à Lampedusa avec une « cargaison » d’une quarantaine de migrants en situation de grande détresse, mériterait les plus belles médailles du monde, d’avoir son nom inscrit sur les plaques de places et de rues dans les villes du monde entier

331/

je me souviens aimer profondément la couleur verte, toute les déclinaisons possibles du vert

332/

je me souviens avoir été saisi par par la beauté et le mystère de cet instrument astronomique d’observation et de calcul analogique incroyable qu’est l’astrolabe, il permet notamment de mesurer la hauteur des étoiles, de déterminer l’heure, etc. on se perd en conjectures sur son inventeur, la date de son invention, il y a 3000 ans ? L’astrolabe a une mère, une araignée, un tympan et bien d’autres pièces mécaniques…

333/

je me souviens aimer mystiquement le chiffre 8 et le symbole grec omega ∞

334/

je me souviens aimer passionnément la peinture en art, tout de la peinture, je n’exclus rien de Dou à Dali, Velasquez, Basquiat, le Street Art, la BD, la peinture rupestre et ailleurs encore, tout me touche et me bouleverse

335/

je me souviens aimer passionnément la musique, idem comme en 334/ pour la peinture, tout mais vraiment tout de la musique, sauf... Debussy

336/

je me souviens de mon émotion, de ma surprise, de mon émerveillement, quand mon professeur de musique m’eût dit un jour que le « Boléro » de Ravel contenait un mouvement perpétuel ; on pouvait, si on voulait, faire qu’il ne s’arrête jamais

338/

je me souviens du texte de la candidature étonnante de Coluche aux présidentielles de 1981, j’ai conservé une affiche originale de l’époque

339/

je me souviens d’Islero, 495 kg, cinquième taureau (le second pour Manolete) de la corrida tenue le 28 août 1947 dans les arènes de Linares (Andalousie). C’était un petit taureau de la redoutable et légendaire ganaderia Miura, aux cornes afeitées ( pointes sciées ), presbyte ( ce qui le rendait dangereux car il ne chargeait pas droit ), un petit taureau pas malin et handicapé quoi... Il tua ce jour-là la légende vivante… En espagnol l’expression « être le taureau qui a tué Manolete » («ser el toro que mató a Manolete») indique que de façon exagérée on accuse quelqu’un de tous les malheurs qui arrivent...

340/

je me souviens du plaisir extrême que représente le cérémonial de l’habillement pour le motard dans l’âme que je suis, ça peut prendre du temps, c’est obligatoirement nécessaire, on ne monte pas en moto, à mon sens, habillé, coiffé et chaussé n’importe comment

341/

je me souviens de la cité de Saint-Malo que j’affectionne particulièrement

342/

je me souviens du film « Le passager de la pluie » (1970) de René Clément, quand Charles Bronson lance avec force des noix sur une vitre avec Marlène Jobert dans un jeu qui tendrait à dire que si ces dernières brisent la vitre, c’est que le lanceur (seuse) est amoureux (se), étonnant. Le personnage de Bronson (Dobbs) disait à Marlène (Mélie) … Love love (s’adressant à Mélie), quand la vitre casse c’est qu’on est amoureux...

343/

je me souviens de ma propre stupeur et des tremblements qui agitaient mon âme quand j’eus achevé de lire « Stupeur et Tremblements » d’Amélie Nothomb publié en 1999 chez Albin Michel, grand prix du roman de l’Académie française et de visionner le film (2003) éponymement parfait d’Alain Corneau avec Sylvie Testud… Chefs-d’oeuvre que ces deux ovnis-là !

344/

je me souviens avoir fait une longue ballade à bicyclette, agrémentée d’un pique-nique, au Cap-Ferret avec Sylvie, mon amie, qui m’a réellement fait découvrir le Bassin d’Arcachon de l’intérieur, c’est un si beau souvenir

345/

je me souviens avoir échangé « la France contre un pistolet » au grand désespoir de ma grand-mère d'Amou. Explication : enfant je collectionnais les drapeaux du monde qui étaient offerts en cadeau dans des paquets de biscuits. Ces drapeaux en métal peint, de la taille d'une grosse épinglette étaient épinglés sur une carte du monde qu'il fallait commander. J'ai eu un jour le drapeau de la France, je l'avais attendu très longtemps et un jour bingo, je l'ai... je montrais régulièrement ma carte et les drapeaux à ma grand-mère qui me félicitait pour ce travail culturel. Mais un jour un copain me propose d'échanger le drapeau de la France contre un pistolet en jouet. Je n'ai pas hésité une seconde. Le problème c'est que le soir même la mémé constatait l'absence du drapeau français et me demanda des explications que je lui donnais le plus naturellement possible... Pour moi, il n'y avait avait aucun problème... Mais la mémé paternelle, gaulliste et patriote faillit s'étrangler de stupeur et de rage... "Quoi, échanger la France contre un pistolet..." Elle mit beaucoup de temps à s'en remettre 

346/

je me souviens du 2ème mouvement du quintette en ut de Schubert dans le film inoubliable « Nocturne Indien » de Corneau

347/

je me souviens de la grâce, la finesse, la vivacité, la curiosité, de l’écureuil roux. Allez, je vais vous confier un secret si vous voulez apercevoir de très près un écureuil dans une forêt de pins. Assurez-vous d’abord qu’il y ait des écureuils à portée, assez facile à constater avec un peu de patience. Constatation faite, asseyez-vous au pied d’un pin. Prenez une position de confort car ça peut durer un moment… Bien calé contre le tronc, prenez en main un outil (écorce, morceau de bois, couteau, cuillère, bref tout ce qui peut constituer un grattoir). Grattez à espace régulier le tronc de l’arbre avec l’outil. Vous verrez que sans tarder un écureuil descendra, en jacassant, agacé, presque jusqu’à votre tête si vous ne bougez plus d’un pouce, pour observer ce qu’il se passe dans son arbre... qui, croît-il monte à son arbre, non mais !!!

348/

je me souviens du film « Ordet » la Parole (1955) de Karl Dreyer, un film essentiel, les derniers mots d’Inger dans le film, la morte ressuscitée, à la fin, en ouvrant les yeux et en « rerespirant » elle dit « oui, la vie… la vie... »

349/

je me souviens d’un film qui m’a beaucoup marqué : « Le Phare des Orques » (2016) de Gerardo Olivares qui se passe en Patagonie, une mère emmène son enfant autiste en Patagonie dans l’espoir que… et oui...

350/

je me souviens vouloir voir à tout prix le film « Cabeza de Vaca » (1991) du mexicain Nicolás Echevarría, l’histoire de l’explorateur espagnol (vers 1488/ vers 1559) j’espère y arriver un jour

351/

je me souviens de Georges Collomb dit Christophe (1856/1945), bédéiste de génie des temps anciens, père du Sapeur Camembert, du savant foutraque Cosinus, de la super Famille Fenouillard ancêtre, un peu, je trouve, des Bidochon de Binet

352/

je me souviens de « Bécassine » créée en 1905 par Émile Pinchon et Jacqueline Rivière, elle est formidable par sa simplicité, son humanité, sa joie de vivre

353/

je me souviens des profondes et irréversibles brûlures à la main gauche et à l’âme des musiciens de génie qu’étaient Django Reinhardt (1910/1953) et Robert Johnson (1911/1938)

354/

je me souviens qu’un ami décédé depuis longtemps, Jacques Joseph, fils d’un as de la Grande Guerre, me disait pour l’avoir entendu dans son enfance sur toutes les bases aériennes où il était passé en famille avec son père, que l’on racontait de façon très sérieuse et que c’était un secret de Polichinelle pour les aviateurs, que l’as des as Georges Guynemer n’était pas mort en plein ciel de gloire, mais sous la balle de revolver que lui avait tiré son commandant de Cie qu’il avait cocufié. Guynemer disait-on, était un « obsédé sexuel » en raison paraît-il de la phtisie qui le rongeait

355/

je me souviens que chez mes amis Joseph il y avait une authentique hélice en bois de SPAD S.VII avion de chasse mythique de la Grande Guerre, accrochée au mur

356/

je me souviens que la chélidoine fait passer les verrues, il faut frotter fort le jus jaune de la tige sur les verrues, ne pas se laver les mains pendant quelques heures

357/

je me souviens que le jus du vert d'un poireau frais que l'on écrase en frottant fortement sur une piqûre de guêpe ou de frelon est radicalement souverain, que l'on ait ou non enlevé le dard. Immédiatement plus de brûlure de la piqûre, l'effet violent de ces piqûres pouvant être dangereux, mortel parfois pour des personnes allergiques, passe IMMÉDIATEMENT. Je l'ai expérimenté sur moi. Conseil : si vous partez en rando, prenez quelques feuilles de vert de poireau frais du matin, roulé dans du sopalin et du papier alu et fourrez-les dans votre sac à dos. Ça peut vous éviter d'avoir une journée gâchée 

358/

je me souviens du couteau Suisse XXL, tout y est, on peut partir à l'aventure

359/

je me souviens de la règle du dixième en rando, à ne déroger sous aucun prétexte. Je pèse 70 kilogs, je porte un sac à dos de 7 kilos. Point barre !!!

360/

je me souviens des doigts tatoués « hate & love » de Robert Mitchum dans la terrifiante « Nuit du chasseur » (1955) de Charles Laughton, de la chevelure flottante de l’assassinée au fond de la rivière, encore installée dans sa voiture immergée, des enfants dans la nuit, la chanson lugubre du tueur… Terrifiant

361/

je me souviens de « la grande panne électrique » de New York les 13 et 14 juillet 1977, j’y étais. Coincé la nuit dans un french restaurant le « Vert-Galant », chez Maurice, 109 west 46th street, corner of 6th ave ( j’ai conservé leur carton ), quartier Hell's Kitchen il me semble... En protection, le taulier avait fermé ses portes à clé sur ceux qui voulaient rester. Cette nuit fut longue, très, sirènes bramantes et lugubres des camions de pompiers, hurlement de celles des cops, coups de feu à instants, le noir total, sidérant et incroyable sur la Grosse Pomme… drôle de truc que ce big truc. À peine 30 jours plus tard j’étais chez moi à Montréal et il y eût une autre big panne d’électricité le 16 août : la mort du « King » Elvis Presley, tsunami inimaginable, je m’en souviens, sur toute l’Amérique du Nord

362/

je me souviens que les peintres sont généralement de chauds lapins. Le mot pinceau dérive de penicellus, du latin penis… Ils le déplorent souvent, ça contrarie la création, ainsi Van Gogh écrivait à Émile Bernard : « Faire de la peinture et baiser beaucoup est incompatible, le cerveau s’en affaiblit. Voilà qui est bien emmerdant... »

363/

je me souviens d’Ulla la si gentille chienne dalmatienne de ma mère. Ulla stérilisée qui n’avait donc jamais pu avoir de chiots, et qui dans son grand âge, pleurait littéralement les bébés qu’elle n’avait pas eus, qui prenait entre ses pattes un jouet en plastique de mes enfants représentant un chiot, le léchait pendant des heures en gémissant, histoire vraie...

364/

je me souviens des voix magnétiques et formidables à la radio, de leurs émissions... Michel Lancelot, Claude Villers, Jacques Chancel, Kriss (ou Kriss Graffiti, ou Laka, ou La Kriss), Menie Grégoire la Dame de coeur, Jean-Claude Ameisen, Jean Yanne, d’autres...

365/

je me souviens des copines & copains « de la rue du Canal » à Amou, actuellement rue des Fleurs, les copains des perrons aujourd’hui dispersés dans ma petite enfance, visages joyeux, espiègles, bonheur de cette enfance insouciante, il y avait Serge sa soeur Marie-Christine dite Kiki, Jean-Charles fils unique, Francine son frère Philippe, Jacques son frère Jean, mon frère Michel, ma sœur Maguy, moi Jean-Maxime, que mes copains appelaient Jean-Max, que mon père appelait Guillaume le Taciturne, et moi qui disais à qui voulait l'entendre que je m’appelais Max

366/

je me souviens que Roger Gonot dont j’ai parlé en 49/, m’avait lu des vers beaux et énigmatiques quand j’avais quatorze ans, je les ai immédiatement mémorisés et définitivement conservés dans mon coeur, mais ne sais plus leur auteur, je n’ai pas vérifié mais je crois que c’est de Pierre Jean Jouve (1887/1976), poète, «... ayant renoncé aux yeux, nuit plus qu’obscure, aux mains ces vaines employées du monde, au coeur, ce sang, à la bouche, coupure saignante de la beauté et aux mots qui n’ont plus la magie ni l’éternité, l’arbre s’enfuit… laissant tomber ses feuilles... »

367/

je me souviens du boxeur Davey Moore (1933/1963), mort sur le ring et de la chanson éponyme de Graeme Allwright

368/

je me souviens d’avoir vu Graeme Allwright en concert, grâce à lui on avait Cohen en français...

369/

je me souviens connaître des dizaines de chansons de Graeme Allwwright par coeur, j’aurais aimé apprendre la guitare ou le banjo pour aller avec

370/

je me souviens des nouvelles de Thomas Mann, (né le dimanche 6 juin 1875 à Lübeck et mort le vendredi 12 août 1955 à Zurich) écrivain allemand, prix Nobel de littérature, de son bouleversant Der kleine Herr Friedmann / Petit monsieur Friedmann, pour moi, la plus belle et bouleversante nouvelle qu’il soit au monde

371/

je me souviens de Luigi Pirandello, né le vendredi 28 juin 1867 à Agrigente en Sicile au lieu-dit « Chaos », entre Agrigente et Porto Empedocle, durant une épidémie de choléra, et mort à Rome le jeudi 10 décembre 1936, prix Nobel de littérature, poète, théâtreux et maître par excellence de la nouvelle

à suivre...


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