Ce volume est le deuxième d'une série romanesque consacrée aux aventures de Gabriel d'Esneval. Point n'est besoin d'avoir lu le premier pour le lire. Encore que.
Le lecteur ne sait pas si, dans le premier volume, l'identité de Perce-Coeur est connue. Il apprend seulement qu'il s'agit à la fois d'un héros et hors-la-loi normand.
Après avoir châtié, dès avant la Révolution, tous ceux qui tyrannisaient les corps et les âmes, le cri court, à l'automne 1794, que ce représentant du droit et de la justice est mort.
Le lecteur sait seulement que Gabriel Trioux a vu son père, Gaspard, bourrelier de son état, tué sous ses yeux quand il avait douze ans, qu'il a été adopté par le Comte d'Esneval.
De roturier Gabriel est donc devenu gentilhomme. Il a notamment appris le maniement des armes avec le garde du corps de son père adoptif, Maître Fogazzaro.
Au début de ce récit, la Terreur révolutionnaire produit encore ses effets, atténués toutefois au coeur des campagnes grâce à la bienveillance des seigneurs locaux.
C'est la faim qui, dans un premier temps, a poussé les hommes à la folie, et de la folie à la révolte. Mais aujourd'hui, c'est la soif de pouvoir, dit Madame Solange.
Madame Solange est la gouvernante du manoir d'Esneval. Elle et Maître Fogazzaro se proposent de rejoindre en Angleterre Gabriel, qui se trouve auprès de sa femme Louise.
Louise est enceinte d'un troisième. C'est la nièce de Maître Fogazzaro, lequel n'arrive pas à convaincre le Comte de faire partie du voyage. Étienne Villeneuve soutient ce dernier.
Étienne, ami d'enfance de Gabriel, est devenu Commissaire-Citoyen de Rouen. Il sait que les habitants du manoir sont surveillés et que le voyage à Brighton est risqué.
Malherbe, officier de police, enquête sur Perce-Coeur. Il admet que Madame Solange et Maître Fogazzaro fassent leur voyage à condition que celui-ci revienne pour être entendu.
En leur absence, le Comte d'Esneval se fait enlever. Quand Gabriel l'apprend de la bouche d'Étienne et de Camille Legendre, un autre de ses amis d'enfance, il décide de le retrouver.
Qui a enlevé le Comte? Cet enlèvement a en tout cas un rapport avec la disparition de Perce-Coeur. L'intrigue dans un contexte historique tumultueux devient policière.
Ce contexte de délations, de passions, de violences, de terreurs, prend d'autant plus de relief, par contraste, que l'auteur s'exprime dans une langue au fond très XVIIIe...
Madame Solange avait raison. C'est désormais la soif de pouvoir qui motive d'aucuns et ceux qui s'opposent à eux, oublieux de leur humanité, ne leur font Ni grâce ni pardon.
Francis Richard
Gabriel d'Esneval - Ni grâce ni pardon, Gilles Leclerc, Esneval Éditions