La société change.
Changera toujours.
Pour le mieux?
Une société qui ne rit pas est une société malade.
Au Nouveau-Brunswick, le caricaturiste Micheal DeAdder a perdu son emploi au Brunswick News, où il était contractuel, après avoir dessiné, sur Twitter (Combien existe-t-il de cas de gens perdant leur emploi grâce à Twitter? 100 000 ?), Donald Trump jouant au golf près des deux cadavres récents d'un père migrant et de son enfant, une photo qui avait fait le tour du monde la semaine dernière et une caricature de De Adder critiquant les politiques migratoires de Trump aux frontières des États-Unis.
Le New York Times, dans son édition internationale, a aussi choisi de ne plus jamais publier de caricature, suite à la publication d'une caricature, issue du Portugal, montrant Donald tenant en laisse Benjamin Nethanyahu, Donald semblant aveugle et le chien semblant le guider.
Le Brunswick News s'est justifié en disant que l'idée de ne plus engager De Adder depuis un bout de temps déjà, que sa caricature n'avait rien à voir, mais qui ne trompe personne.
Le New York Times a sorti le couperet quand la communauté juive des États-Unis a violemment réprimé la caricature. La tempête de relations publiques a donc trancher en faveur des riches donateurs.
En l'espace de 5 jours, le NY Times a publié 5 messages, avant le dernier annonçant la fin des caricatures internationales, allant tous dans le sens de l'auto-flagellation.
Dans une gestion de crise, vous ne voulez jamais que vos ennemis définissent la conversation. Le NY Times n'a laissé aucune place au débat et a rendu tout de suite les armes. Un mois plus tard, les deux caricaturistes maison du NY Times, ont aussi perdu leur emploi.
L'exercice de la caricature en est un de provocation. Si il ne fait pas réagir, il a échoué. Qu'il s'agisse d'un sourire, d'une exaspération ou d'un grognement.
Quand on a lâchement mis au silence les créateurs de Charlie Hebdo, le monde entier a hurlé à la liberté d'expression. Nous étions tous Charlie. Le NY Times et le Brunswick News ne sont donc pas Charlie du tout.
Le symbole est terrible. Si on est si allergique à l'offense, comment expliquer notre tolérance au président des États-Unis? une caricature vivante lui-même?
On aurait dessiné un président inventant un grave attentat en Suède, lançant une campagne d'éducation appelée d'une erreur de conjugaison comme "Be Best" ou un président parlant des aéroports de 1775 que personne ne l'aurait trouvé drôle. Parce que trop "far fetched" disent mes ancêtres irlandais.
Et pourtant...
Chapleau, excellent caricaturiste de chez nous disait que le plus grand malheur des caricaturistes en ce moment est que Trump est nettement plus drôle qu'eux...au naturel!
Un bon dessin politique doit secouer. Ébranler. Les deux dessins l'ont fait. Interpeller. Un bon dessin doit mettre le doigt sur un bobo. Et c'est quand il est juste qu'il fait mal.
La beauté de la caricature est qu'il s'agit d'un dessin. Qui n'a pas toujours besoin de texte puisque le reste se comprend tout seul.
Ce qui ouvre la grande porte d'un mal de nos jours: L'interprétation.
Demandez aux lecteurs du Coran si ils interprètent leur livre saint de la même manière.
Fais-t-on confiance au jugement des lecteurs? Quel message annoncent ses limogeurs?
Il est facile d'échapper le ballon, mais qui l'échappe pour vrai ici?
Ironiquement, le net, qui a assassiné la carrière de DeAdder au Brunswick News, sauvera les caricaturistes à jamais puiqu'ils deviennent tous internationaux assez vite et sont toujours faciles à trouver un peu partout.
Le mort annoncées des copies papiers des journaux les limogera tous, mais le net sera la bouée de leur navire qui coule.
Les autocrates détestent l'humour, surtout à leur dépens. Ils n'ont pas l'esprit assez agile pour y réagir habilement. Ils ont la réaction du rustre. On "intolère" dans le tonnerre.
La caricature, c'est le fou du roi des temps modernes, sans caricatures, on s'expose au politically correct.
Ce qui me semble beaucoup plus dangereux.
Partout sur cette planète.