659_ Périple 2019_ 7 _ Amasra, Mercredi 10 juillet 2019

Publié le 10 juillet 2019 par Ahmed Hanifi

Le jeudi 4 nous avons quitté la vieille ville de Constanta en Roumanie (et le magnifique muezzin de la mosquée Mahmoud 2

Mosquée Mahmoud2 _ Constanta Roumanie

qui ne dérange que les abrutis et il faut dire qu’il n’y en a très probablement pas ici, je veux dire d’abrutis intolérants) pour nous diriger vers la Bulgarie (au km 3090). Beaucoup de chiens errent dans les rues roumaines et bulgares, beaucoup d’animaux écrasés. Les carrioles tirées par des chevaux, sont assez fréquentes. La Roumanie se débrouille néanmoins tant bien que mal. Le niveau de vie des Roumains, les ouvertures culturelles dont ils bénéficient, les libertés acquises… répondent beaucoup mieux à leurs attentes (même si critiquer sans merci le système capitaliste broyeur est un devoir) qu’à l’époque du Conducator Ceausescu, quoi qu’en diraient certains journalistes algériens (dont quelques-uns sont même perçus ou se font percevoir aujourd’hui comme des hérauts de la démocratie et des libertés – si ceux-là, ces journaleux, s’échinent à l’envie de cacher leur passé stal,  n’est-ce pas Révolution africaine ? nous ne leur laisserons pas la possibilité de l’effacer et demeurons vigilants tant que nous le pouvons.
Nous sommes arrivés à la frontière romano-bulgare où nous avons dû attendre une heure pour récupérer nos documents officiels. 20 km après la frontière, la route traverse un champ d’éoliennes dont l’ombre des pales de certaines, balaient la route comme le ferait la trotteuse d’une montre. Peu avant Varna (troisième ville du pays) plusieurs abeilles sont venues s’écraser contre le pare-brise de notre véhicule, une mini attaque involontaire (où l’on pense à l’échouage de certains cétacés). Nous faisons halte en fin de journée dans Obzor très animée, près d’un ensemble de véhicules de forains en charge de l’animation de la ville. Dès minuit pétant, le brouhaha s’est éteint, comme à la suite d’un ordre immédiatement exécuté.
Le 5 juillet on a pris la route vers la Turquie. Les jours passent, mais on finit par ne plus trop savoir lequel on est à l’instant où l’on veut le fixer. Samedi dernier, nous étions le 6 juillet (il a fallut qu’on me le souffle) et j’ai aussitôt eu une pensée pour les Algériens qui continuent de manifester contre le Pouvoir des militaires, encore et encore.
Nous sommes loin, mais nous pensons aux nôtres, famille, amis, l’Algérie, très souvent, en espérant que les aspirations portées par eux aboutissent bientôt.  
Je disais que le 5 juillet on a pris la route vers la Turquie, au km 4121. La menthe donne quelques signes de faiblesse. La lavande n’a pas résisté. Nous l’avons sacrifiée, mais avons gardé son terreau pour enrichir la plante verte.
Jusqu’à l’entrée de la Bulgarie nous n’avons pas vu de policiers sur les routes. Dans le pays, la police y est très visible.
Dans la Planina, nous traversons de grandes et belles forêts.
La pauvreté, plus visible en Bulgarie (des baraques et maisons fortement délabrées habitées en ville) côtoie une minorité qui affiche sa richesse (grandes maisons de vacances et véhicules de très hautes gammes) sans état d’âme, un peu à l’exemple des arrivistes algériens (ou russes)

Frontière sortie Bulgarie entrée Turquie


Nous passons la frontière bulgaro-turque en début d’après-midi. L’attente côté Turcs fut longue : chaque véhicule devant être enregistré (plusieurs informations) et photographié. Le temps est à la canicule comme un peu partout.

MOCAMP à Sviliri- Istanbul

Nous avons posé nos bagages dans le Mocamp Semizkum, près de Silivri à une cinquantaine de km au nord d’Istanbul. La journée du lendemain, le samedi fut dédiée au farniente. Bord d’eau à admirer les familles turques, presque studieuses dans leur loisir pépère. Goûter à la joie simple de la baignade dans La Marmara sous le regard bon enfant de la grand-mère ou du grand-père. Nous avons nous-mêmes cédé à la tentation de la baignade, magnifique à la tombée du jour.
Comme la Roumanie et la Bulgarie, la Turquie a une heure de décalage avec la France (GMT+1), et deux avec l’Algérie.
Nous avons quitté Mocamp pour Istanbul l’ensorceleuse. Nous sommes restés sur les bords de Marmara, dans le quartier Yenikapi, avec des centaines de familles qui pique-niquent sur un immense parc. Nous avons discuté avec un groupe de personnes qui nous ont signifié qu’il n’y a pas de fête particulière, mais qu’il s’agit d’une coutume. Chaque week-end,

Le soir à Yenikapi Istanbul- sortie en familles

les familles s’installent le long de la jetée, en faisant un barbecue. Les enfants s’amusent alors que les parents pêchent, discutent, préparent le thé, le manger… des solitaires marchent, font le jogging… d’autres font du vélo…
À notre arrivée nous avons traversé la vieille ville : Aya Sofia la Petite Sophie.

Kuçuk AyaSofia Camii (la petite) Istanbul

Ayasofya Istanbul

En juin dernier, il y a un an, j’y avais supplié Dieu qu’il sauve ma mère qui se trouvait en fin de vie ou à la lisière du monde. Je lui avais dédié ce poème, « Sur le rebord du monde » (lire ici : http://leblogdeahmedhanifi.blogspot.com/2018/06/sur-le-rebord-du-monde.html). Toujours dans le quartier SultanAhmet nous avons longuement discuté avec un jeune ouzbek (garçon de café). Il regrettait que l’accès au visa français était difficile pour ses compatriotes et qu’il fallait se déplacer jusqu’en Russie pour cela. Il nous a dit qu’il serait à Tashkent en août et qu’il espérait nous y rencontrer. Pourquoi pas ? Nous avons tourné dans le grand bazar et autour, la mosquée Bodrum, le musée de la calligraphie, autrement la grande avenue aux différents noms : Ordu Caddesi, Yeniceriler Caddesi, Divan Yolu Caddesi, jusqu’à l’inévitable Mustapha Kemal Caddesi… Nous avons assisté à un « enlèvement de la promise » nous dit-on. Une femme dansait au son du tambour et de la Kaval, flûte traditionnelle.
À la sortie du pont qui traverse le Bosphore un panneau indique « Welcome in Asia ».

Le Bosphore

Si à Paris il faut une heure pour être au boulot, ici à Istanbul, il en faut une journée entière ! Cette ville, nous l’avons vue et revue, ça va, nous avons donné…

traversée du Bosphore


Les indicateurs des voies express sont en bleu, ceux des autoroutes sont de couleur verte et non bleue comme en France.
Entre les villes, il n’y a aucune possibilité, sauf exception, de trouver un endroit (aménagé ou non) pour se reposer, alors il faut user d’astuce : utiliser les arrêts d’autobus, les entrées de fermes…
Un camionneur de la ville de Kandari (que nous venions de passer) vient nous offrir son aide, pensant que nous étions en panne, alors que nous déjeunions tranquillement. Sympathique.
Un vent frais travers Le Nomadeur depuis que nous avons abandonné l’autoroute, à Izmit. Le soir nous nous sommes installés dans la ville de Akçakoca, sur les bords de la Mer Noire dont elle tire le nom du sable, plus gris que noir, qui refreine ses ardeurs.
Au Çati Café Pub,

Cati Cafe - Akçakoca

nous avons consulté nos mails, les articles de presse… Dans l’un d’eux paru dans Algeria Watch (Le long chemin de la reconquête de l’indépendance »), Omar Benderra écrit : « … en dépit des pressions, des manœuvres et des blocages, le Mouvement de masse initié le 22 février, a démontré, semaine après semaine, la profondeur de son ancrage populaire. »  Lahouari Addi, dans El Khabar de ce 7 juillet : « … Je crois que les militaires cherchent à sauver les meubles, c’est à dire à faire élire un président qui efface de la mémoire leur responsabilité historique dans le bilan de 57 années d’indépendance… Le Hirak a été victorieux… Jusque-là… c’est une vraie révolution… La guerre entre l’État major et les anciens du DRS (la Issaba) a pris fin, parce qu’ils ont des intérêts communs. « les mouches électroniques (sur Internet, Facebook…) se sont ralliées à Gaïd Salah pour faire échouer le Hirak… »
Nous avons continué la route en direction de Safranbolu dans le Karadeniz. De nombreux tunnels dont certains de plusieurs centaines de mètres sont à sens unique. La limitation de vitesse ainsi que la double bande blanche ne servent comme on dit trivialement que comme du beurre. Les automobilistes les ignorent outrageusement. Ici comme à Istanbul de temps en temps des klaxons,  mais nous ne savons pas s’ils nous sont destinés, pour nous lancer quelques insanités gratuites ou bien des « hello », saluant le « F » de France. La route étroite et sinueuse entre Zonguldak et Kilimli nous empêche d’aller visiter les grottes de Sofular et nous le regrettons.
À la sortie de Zonguldak, une fontaine offre son eau de source du Bolu Daglart (autour de 1400 m). Plusieurs automobilistes (nous aussi) s’y arrêtent pour remplir des bouteilles d’eau de 5, 8 litres et plus. Nous avons échangé avec quelques-uns, mais décidément la langue fait obstacle, et comme nous le confirmeront Tuba et BeitAllah, les Turcs ne connaissent aucune autre langue que la leur. Ce sont un jeune couple d’autostoppeurs que nous avons pris sur une cinquantaine de kilomètres jusqu’à Karabük. Lui est étudiant en informatique, elle en faculté de théologie.
Nous avons visité le village historique, Tarihi Carsi classé au Patrimoine mondiale : Caravansérail, la mosquée Kopulumehmet Pacha, le bazar, Kaymakamlar house muséum… le village était saturé de touristes (beaucoup de Turcs et d’Asiatiques).
Nous nous sommes posés au bord du village Amasra, sympathique et touristique, avec Wifi… d’où cet envoi.





Constanta vue du minaret Mahmoud 2


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