Le billet de mon ami Nicolas sur l'affaire @vogelsong commence comme ça :"En début de week-end, Vogelsong a été outé. Des connards ont donné son vrai nom et son employeur dans les réseaux sociaux. Il y a eu une engueulade entre un type ou une gonzesse lui et un débile a commis l’irréparable. C’est lamentable. Vogelsong a tout mon soutien. Réellement."
Ce weekend, une chroniqueuse sur RMC Info a aussi vécu ce triste et laid épisode. Car une autre personne ne partageait pas ses opinions et ses positions, Zorha Bitan a vu pleins d'informations personnelles rendues publiques sur le net. C'est particulier. C'est abject, et ça témoigne d'une nouvelle manière de débattre. Plutôt qu'essayer de convaincre et d'exprimer ses idées, il s'agit de mettre à mort la personne que l'on en face. Un terrorisme de type nouveau, qui interdit la discussion, les idées, le débat, l'opinion contradictoire. Un loi non pas du plus fort mais de celui qui est capable du plus odieux, de l'appel au lynchage le plus fort.
Un fascisme nouveau.
La période 2012 - 2017 a été affreuse pour notre blogosphère. Les attentats de Charlie en sont une cause, mais il n'y a pas que ça. De nouveaux protagonistes sont apparus sur la toile, et n'étaient pas dans ce délire sympa du début des blogs. Loin de "L'esprit de la Comète", du nom de cette brasserie kremlinoise qui a été le siège du Kremlin des blogs et un épicentre chaleureux et intelligent de notre blogosphère à la française.
2005 - 2011 a été un époque bénie pour les blogs. Le début, Guy Birenbaum et DEL. Il y avait une droite et une gauche. Des supporter de Royal, d'autres, moins nombreux, de Sarkozy. Il y avait une opposition. Et même au sein des électeurs de droite dont j'étais, une critique respectueuse et constructive du mandat Sarkozy (si j'avais été plus lu et entendu, Sarkozy aurait gagné en 2012).
Et puis après de nouvelles personnes sont venus. Le tweet de 140 mots a étouffé le billet de beaucoup de page. Plutôt qu'argumenter, cela venait "basher", clasher, voire même menacer. Le plaisir initial d'écrire, de débattre, est parti. Non pas remplacé par la peur, mais par une lassitude de voir que nos amis de blogs, nos contradicteurs préférés, n'étaient plus là. Eux aussi lassé de ce lynchage permanent.
Puis y a eu ensuite les attentats. Les mots certes, mais aussi les balles.
Et une certitude, certaines personnes sont prêtes à tout. Nous avons vu un militantisme d'un type nouveau. Des lynchages en règle. L'esprit de la Comète, et quelque part des lumières, obscurcit par cette épaisse fumée noire de l'intolérance et de la violence.
J'ai toujours eu l'attitude que Chirac avait eu vis à vis de sa ligne jaune à lui en 2002. Refuser de débattre avec Le Pen. Moi, j'assume un refus de la discussion avec des personnes qui portent des messages et des valeurs qui sont en opposition fondamentale avec ce que j'ai dans le cœur, avec mes valeurs d'homme.
Les bloquer sur Twitter fait du bien car cela donne plus de place à mes copains de IKF (Internationnal Kikadi Fédération, ceux sont des penseurs). Cela fait moins de mal et à mes yeux, et à ma république. Et finalement, il y en a peu de tous ce que je lis et fréquente.
D'ailleurs, à l'époque de la Comète, nous étions beaucoup en désaccord. Mais il y avait un respect mutuel, presque une affection. Qui perdure aujourd'hui avec des gens qui défendent des opinions totalement opposées aux miennes. Mais on se respecte. Le respect de l'humain dans sa diversité, ses contradiction, et ce qui fait de lui un être un humain, c'est la base.
Certains ne l'ont pas. Il ne faut pas parler avec eux.
C'est doux de repenser à cette époque. Plus dur de voir ce qu'il en reste...