Ce sont les Suédoises qui entrent le mieux dans la partie. Une domination qui se concrétise par l’ouverture du score dès la 11ème minute. Une mauvaise relance de la défense britannique, pas à son aise en ce début de match, permet à la milieu de terrain scandinave Kosovare Asllani de marquer d’une frappe sèche du pied droit. Pour ceux qui se posent la question : oui, Kosovare Asllani est une fille d’immigrés kosovars dont les parents ont fui le Kosovo pendant la guerre.
Il faut reconnaitre que cette ouverture du score est une surprise dans un match où l’Angleterre partait favorite. Mais dans cette entame de match, la supériorité scandinave ne se discute pas. Et, logiquement, elles doublent la mise dès la 22ème minute de jeu. Comme à la parade, la numéro 10, Sofia Jakobsson, déclenche une magnifique frappe enroulée des dix-huit mètres, seulement effleurée par la malheureuse gardienne anglaise de Chelsea, Carly Telford. Peu à peu, le jeu s’équilibre et les joueuses font preuve d’un engagement physique remarquable. La fatigue des matchs à répétition (sept en un mois) et la chaleur ambiante (plus de 30°) ne leur facilitent pourtant pas les choses…
Il faudra attendre la demi-heure de jeu pour assister à la première occasion britannique. La défenseuse de Manchester United, Alex Greenwood, ose une reprise de volée difficilement maîtrisée par la gardienne suédoise. Dans les tribunes, les supporters anglais sonnent la charge à coup de trompette et de tambour. Leur équipe répond sur le terrain en réduisant la marque à la 31ème minute. C’est la numéro 10 anglaise, cette-fois, qui démontre l’étendue de son talent : crochet du pied droit de Fran Kirby, frappe du pied gauche dans le petit filet. La goal suédoise reste scotchée !
Les Britanniques reviennent définitivement dans la partie. Une petite minute plus tard, ils marquent même une deuxième fois par l’inévitable Ellen White. Dos au but, elle parvient à se défaire de sa défenseuse pour se retourner et frapper. L’actuelle meilleure buteuse du tournoi (6 réalisations) fête sa réussite avec ses coéquipières… mais doit rapidement déchanter. L’arbitre fait appel à la vidéo et… annule le but pour une main de la Britannique ! C’est finalement sur ce score de 2-1 que les deux équipes regagnent le vestiaire à la mi-temps. Lors de la deuxième période, les 20.316 spectateurs assistent à un spectacle de qualité, même si la fatigue rend les gestes techniques moins précis et les courses moins rapides. Le chronomètre tourne en faveur des Suédoises et les Anglaises peinent à s’approcher du but. Lorsqu’elles y parviennent, leurs frappes manquent de précisions ou trouvent les gants de Hedvig Lindhal, la gardienne scandinave, elle aussi joueuse de Chelsea.
Malgré la canicule, le public se réchauffe en entamant une "ola" qui fait monter d’un cran l’ambiance dans le stade de Nice. En fin de match, les Anglaises jouent leur va-tout. Sur un mauvais renvoi de la défense suédoise, la milieu de terrain de Sa Majesté, Karen Carney, reprend de volée un ballon qui finit… dans la tête de Nilla Fischer. Dernier rempart jaune, elle sauve sa défense, son équipe et son pays. Rien que ça !
Il fallait bien que ça arrive. L’arbitre porte le sifflet à sa bouche et met fin à cette rencontre mais aussi à cette coupe du monde féminine de football en terre niçoise. Les sujets du Royaume de Suède ne sont pas revenus à Nice pour rien. Elles repartent avec une triple victoire en poche : le match, la troisième place de la coupe du monde et un ticket pour les jeux olympiques de Tokyo. L’Angleterre a tout perdu, mais ce que nous retiendrons surtout de ces six matchs sur la Côte d’Azur, c’est que le football féminin a gagné en respectabilité, notoriété et popularité. Bravo les filles ! Ceux que l’on persiste à qualifier – par erreur – de grands de ce monde continuent leurs négociations alors que la Terre brûle. Cela doit vous rappeler quelque chose: "Tout va très bien madame la marquise, tout va très bien, tout va très bien… "....