Les journalistes se sont en général bien tenus et peu de commentaires sexistes sont à déplorer. Curieusement, le fait que la future présidente du Conseil européen soit mère de 7 enfants n’a pas été plus relevé que cela. Les temps changent… et ce n’est pas toujours pour nous déplaire. Docteur en médecine et économiste, celle-ci lors de ces différents mandats a pris position pour le développement des crèches et la mise en place d’un "salaire parental", à l’encontre de la ligne politique de son parti. Elle s’est montrée favorable au blocage des sites pédopornographiques comme d’un salaire minimum allemand et pour l’instauration de quotas de femmes au sein des conseils d’administration.
Quant aux compétences de Christine Lagarde, pour s’en faire une idée, mieux vaut ne pas écouter le portrait que brosse d’elle l’inénarrable Jean-Michel Aphatie dans sa chronique du 3 juillet sur Europe 1. D’après lui, ce serait le hasard qui expliquerait la carrière exceptionnelle de l’actuelle directrice du FMI. Exit ses compétences qui pourtant ne sont pas des moindres. L’avocate française a su pourtant gravir tous les échelons d’un des cinq plus grands cabinets mondiaux pour en finir présidente et devenir ainsi la première femme et non américaine à ce poste. Mais tout cela aux yeux du célèbre éditorialiste ne compte pas! Elle serait devenue ministre au Commerce extérieur, à l’Agriculture et à la Pêche, de l’Economie et des Finances par hasard. Pire, elle n’aurait rien sollicité! A se demander d’ailleurs si ce n’est pas cela qui l’aurait le plus choqué!
Quelques ratés sont venus entacher ces parcours exceptionnels. Ursula von der Leyen a été épinglée à plusieurs reprises pour sa gestion des effectifs et du matériel des armées qui ne serait pas à la hauteur de ses ambitions d’impliquer plus encore la Bundeswehr sur des terrains de combat.
De son côté, Christine Lagarde traîne après soi le scandale des 403 millions d’euros de l’affaire Tapie. Mise en examen, reconnue coupable de négligence, elle est néanmoins dispensée de peine et par conséquent son casier judiciaire reste vierge. Les raisons invoquées sont "en raison de sa personnalité" et de sa "réputation internationale". Cela sent l’injustice non seulement judiciaire mais surtout morale et sociale.
Au lieu de douter de ses compétences, Aphatie aurait mieux fait de dénoncer ce scandale. Bien plus important que de savoir sur quoi repose cette décision politique de choisir Lagarde ou tel/le autre. Scandale rappelant aux citoyens lambda qu’il y a deux justices, celle des grands et celle des petits. Et que ce n’est pas ainsi que la perte régulière de confiance envers les élites politiques nationale et européenne qui s’amplifie de jour en jour, va voir sa courbe se redresser. Mais surtout, cela signifie qu’aujourd’hui la parité n’apparaît plus forcément comme un espoir en un avenir meilleur. Ceux que l’on persiste à qualifier – par erreur – de grands de ce monde continuent leurs négociations alors que la Terre brûle. Cela doit vous rappeler quelque chose: "Tout va très bien madame la marquise, tout va très bien, tout va très bien… "....