L’église St-Philibert, à Dijon, n’a jamais été si bien mise en valeur par une exposition. Le peintre Didier Dessus et ses coéquipiers sculpteurs, Frédéric Lormeau et Pierre-Yves Magerand, se sont installés discrètement. Sans en faire trop. Sans s’imposer. Avec respect. Et soudain, une présence se fait sentir. La présence de leur travail d’artiste. Le lieu n’est plus abandonné. Il n’est plus vide. Il n’est plus seul. (jusqu’au 31 juillet.14-18h)
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Saint-Philibert, ce grand espace, blessé par l’Histoire, et majestueux malgré sa souffrance, accueille avec bonheur ces peintures et sculptures modestement disséminées ici et là (mais placées avec justesse).
Les piliers rongés, la haute voûte, la pierre rosée, le sol sableux, les étais en bois, l’éclairage naturel, la longue nef, les chapelles… On aime! Seule église romane de Dijon! Bien abimée, mais encore vivante. J’y avais déjà vu des expos… Mais qui n’étaient que (sauf exception) des verrues mauvaises poussées là sans vergogne!
J’avoue que les premières oeuvres qui m’ont attirée ici, à cette exposition, sont celles de Frédéric Lormeau. Ces roues, ces cercles, ces anneaux… Ces couronnes en lambeaux, ces fragments de couronnes…Quelque chose qui dialogue avec les colonnes en pierre. Avec, aussi, le côté ruiné du lieu, à demi délabré, mais pansé et soigné .
Les peintures de Didier Dessus, ensuite, m’ont fait poursuivre ma visite dans le même état d’esprit. Elle racontent des lieux abandonnés, désaffecté et morts (ateliers, usines), des fruits ou fleurs fanés et désagrégés, des paysages en morceaux, à demi effacés, comme des négatifs de photos surexposés, des reproductions de tableaux anciens dont les motifs auraient perdu leurs couleurs et certains de leurs contours, à en devenir transparents.
On est dans l’effacement, dans l’éloignement temporel. On doute de la réalité. Flottement. Je me suis surprise à avoir envie de toucher la pierre du mur, les matériaux des sculptures, la toile du peintre… Reprendre contact.
J’aurais de la peine à parler du travail de Pierre-Yves Magerand. Resté énigmatique pour moi. Il me faudrait davantage connaître.