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Henri Thomas – Mort d’Artaud

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Henri Thomas – Mort d’ArtaudCette main qui faisait signe contre la vitre,
Va la chercher dans le cimetière d’Ivry,
Et la voix, et la gesticulation du pitre.
(On l’avait entendu chanter durant la nuit.)

Une dernière fois, envoyé d’un bras gourd,
La hache a rebondi sur le bloc d’acajou
D’où ne rugira pas le totem vrai, le clou
Qui reste inarraché dans l’Être pour toujours.

Artaud s’assied, visage en centre dans le vent.
C’est l’aube, où fume encore un dernier campement,
L’âtre noir où se perd la piste du voyage
Du cavalier qui monte en chantant vers l’orage.

Artaud meurt, essayant d’enfiler sa chaussette,
Mais le Thibet retient la main qui se dessèche.
Artaud plein de pavots étouffés dans sa tête,
Artaud dit non, dans son cercueil, aux coups de bêche.

***

Henri Thomas (1912-1993)Poésies

(Gallimard, 1970)


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