Le drame de l'enfant doué, d'Alice Miller

Publié le 04 juillet 2019 par Onarretetout

D’abord, il faut dire deux mots sur le titre : la notion d’enfant doué fait ici référence à l’enfance de Hermann Hesse. À la page 88, après avoir cité des extraits de livres de l’écrivain, Alice Miller conclut : « Et l’on aboutit  à cette situation apparemment paradoxale : des parents qui sont fiers de leur enfant doué, et même l’admirent, sont entraînés par leur propre détresse à repousser, brimer, voire détruire, justement ce qu’il y a de meilleur en lui, parce que de plus authentique ». C’est  la seule fois où ce mot, « doué », apparaît.

Ce livre, derrière un titre accrocheur, aborde plusieurs questions.

D’abord, il est destiné aux psychothérapeutes à qui il demande de réfléchir à ce qui les a amenés dans ce métier. Quelles difficultés vécues dans leur enfance les y ont conduits ? Et ne seront-ils pas tentés de les reproduire dans leur travail auprès de leurs patients ?

Ce faisant, Alice Miller examine comment on peut se libérer des troubles nés dans l’enfance, comment ils ont pu survenir, quelle part revient aux troubles mêmes des parents.

Elle indique aussi qu’on ne peut en sortir qu’en les revivant, en laissant s’exprimer le « vrai Soi ». « La compréhension intellectuelle ne suffit pas. Il nous faut accéder à nos émotions ». Revivre ses émotions de l’enfance alors qu’on est adulte, à condition que le thérapeute ne tienne pas la place que le père ou la mère tenaient dans l’enfance, peut être libérateur « non seulement parce que le corps, qu’elles tenaillent depuis l’enfance, peut alors ‘se décharger’, mais surtout parce que leur émergence nous ouvre les yeux sur la réalité, nous délivre de nos illusions, nous rend les souvenirs refoulés et entraîne ainsi la disparition de nos symptômes ».

Ce n’est pas le bonheur qu’on trouve à l’issue de la thérapie, mais une meilleure compréhension de ce qui nous arrive. Et cela n’empêche pas les colères, les engagements dans la société. Au contraire. « Quand l’émotion a enfin été ressentie, en comprenant qu’elle est justifiée, elle s’apaise, et nous n’en sommes plus prisonniers ».