R.J. Ellory – Le chant de l’assassin

Par Yvantilleuil

A sa libération, Henry Quinn a promis de remettre une lettre à la fille d’Evan Riggs, son codétenu qui a pris perpète pour meurtre. Muni d’une enveloppe au nom de Sarah et d’une bonne dose de détermination, le jeune homme se rend à Calvary, une petite ville oubliée de l’ouest du Texas. L’endroit n’étant pas spécialement connu pour son accueil chaleureux des étrangers et étant de surcroît aux mains d’un certain Carson Riggs, la quête d’Henry Quinn semble très vite avoir tendance à vouloir remuer un passé qui ne sent pas très bon…

« Le chant de l’assassin » est donc l’histoire d’une parole donnée, qui emmène le lecteur dans une bourgade texane peu accueillante et hanté par les fantômes d’un passé chargé de secrets profondément enfouis, que personne ne semble prêt à révéler. R. J. Ellory (« Papillon de nuit« ) invite d’une part à suivre les investigations périlleuses de l’ex-détenu dans ce bled perdu, mais entrecoupe d’autre part fréquemment son récit de retours en arrière qui permettent de comprendre l’origine de la rivalité entre les deux frères Riggs.

Si vous rechercher un rythme endiablé, des cliff-hangers à la pelle et une intrigue à vous couper le souffle, passez votre chemin car l’auteur britannique a beau restituer l’Amérique profonde mieux que les autochtones, il n’est pas pour autant adepte de la lecture fast-food ! Avec lui, le lecteur est plutôt invité à déguster des plats qui ont mijoté pendant des heures et à siroter un whisky qui est le fruit d’un vieillissement dont seul l’auteur détient le secret. Il lui suffit d’une lettre dont on ignore le contenu pour nous happer, puis la force des mots et la puissance de l’écriture vous hypnotisent jusqu’à la dernière page. Si Ellory donne l’impression de dérouler son intrigue au ralenti, ce sont souvent les silences et les non-dits qui semblent les plus révélateurs. L’air de rien, il vous emmène dans les méandres de la psyché de ses personnages, explore leurs failles et met le doigt sur ces petits moments de l’existence où la vie bascule d’un côté ou l’autre. Equilibriste hors pair, il distille non seulement une atmosphère aussi sombre qu’envoûtante, mais donne surtout vie à des personnages profondément humains, qui luttent constamment avec leur côté sombre.

Du grand art !

Le Chant de l’assassin, R. J. Ellory, Sonatine, 496 p., 22 €

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