Les Banques Populaires libèrent le pouvoir des données

Publié le 03 juillet 2019 par Patriceb @cestpasmonidee
Bien que les institutions financières soient désormais pleinement conscientes du potentiel des données de transactions qu'elles hébergent, elles restent hésitantes à l'exploiter, souvent par crainte de réactions négatives. Certains usages sans risques leur tendent pourtant les bras… comme le démontrent aujourd'hui les Banques Populaires.
Tout d'abord, plutôt que de « toucher » aux comptes du grand public, l'initiative porte sur les encaissements (par carte) des quelques 400 000 commerçants détenteurs d'un contrat monétique avec un des établissements de la marque, largement représentatifs à l'échelle de l'hexagone. En outre, afin de protéger la confidentialité des informations sensibles, les 1,2 milliards d'opérations annuelles concernées sont agrégées, en ne conservant que les montants, les lieux, les dates et les pays d'origine des porteurs. En dépit de l'apparente pauvreté du résultat, la valeur produite est considérable.
Afin de le démontrer concrètement, la banque a mis en place un portail d'analyse et de visualisation, en accès libre et gratuit, offrant un riche aperçu des possibilités d'utilisation des quelques 250 000 points de référence que comprend actuellement le jeu de données (par ailleurs disponible sous forme brute sur l'espace « open data » du groupe BPCE). En quelques clics, le visiteur peut consulter et manipuler les répartitions des achats de proximité et leur évolution, en nombre et en montant, par jour (depuis janvier 2017), par provenance et par destination (au niveau du département et de la région).

D'ores et déjà, ces « simples » informations s'avèrent précieuses pour des acteurs économiques locaux, tels que des chambres de commerce, des offices du tourisme, des organisateurs d'événements… qui cherchent à raffiner leur compréhension de l'attractivité de leurs territoires ou de leurs activités pour des populations étrangères. Même si elles sont complémentaires de sources existantes, elles présentent des avantages distinctifs, d'objectivité et de représentativité (par rapport à des enquêtes), de réactivité (avec une actualisation mensuelle, qui devrait évoluer vers du quasi temps réel)…
Naturellement, la démarche rappelle celles, anciennes, de BBVA en Espagne ou, plus récemment, de Mastercard avec la ville de Dublin. Si ces exemples stimulent l'imagination et créent une impatience pour la publication de jeux de données plus riches de la part des Banques Populaires (qui semble être à l'ordre du jour), leur extrême rareté, dans le monde entier, expose surtout l'extraordinaire décalage qui subsiste entre les discours de la plupart des institutions financières en matière d'innovation et, plus particulièrement, de leurs usages avancés des données, et la réalité de leurs progrès.