Même s'il convient de rester mesuré vis-à-vis de ses conclusions (notamment sur la diversité géographique qu'elle mettent en lumière), une récente étude [PDF] du cabinet RBR relevait ainsi pour la première fois une diminution des installations dans le monde. Fait tout aussi significatif, trois grandes banques néerlandaises présentaient il y a quelques jours le nouveau distributeur Geldmaat qui préfigure de leur futur réseau commun (et délégué), à l'image de ce qui existe en Suède depuis plusieurs années.
À des degrés parfois différents, les explications à ce déclin sont similaires dans tous les pays développés. D'une part, la fermeture par les institutions financières de leurs points de vente, auxquels la plupart des GAB sont attachés, entraîne avec elle des disparitions « mécaniques ». D'autre part, et surtout, la généralisation des moyens de paiement électroniques induit une réduction de plus en plus sensible de l'usage des espèces et, donc, des automates, dont la principale fonction reste toujours le retrait.
Dans ce contexte, comment réagissent les acteurs les plus directement concernés ? Prenons l'exemple de Diebold Nixdorf, qui vient justement d'annoncer sa gamme de GAB de dernière génération (dont BNL, filiale de BNP Paribas en Italie, fait partie des établissements qui l'expérimentent actuellement). Elle intègre trois grandes catégories d'innovation destinées, nous affirme-t-on, à accompagner l'évolution des besoins des consommateurs en matière d'expérience utilisateur et d'efficacité opérationnelle.
Il est d'abord question de sécurité des accès, grâce à la biométrie et/ou la connexion (sans contact) au téléphone du client, incontestablement utile. Viennent ensuite les capacités (optionnelles) de dépôts d'espèces et de chèques (pour les commerçants), avec lesquelles le fabricant imagine éliminer la gestion des transactions en agence, en oubliant qu'elles sont tout autant vouées à disparaître, un jour, que les retraits et que leur disparition réduira la raison d'être d'une implantation locale dans son ensemble.
Plus surprenant encore, le GAB se verrait comme un prolongement des outils « digitaux » de la banque, non seulement à travers son interface familière, mais aussi par la mise en place de parcours « omni-canal », autorisant par exemple l'initiation d'un acte dans l'application mobile et sa conclusion (signature comprise) sur l'appareil. Je suis toujours partisan de laisser le choix au client de son média d'interaction, mais qui diable préférera achever une transaction sur le distributeur plutôt que sur son smartphone ?
Selon toute vraisemblance, la fin des automates bancaires n'est pas pour demain. Les constructeurs (et les institutions financières) peuvent donc prendre le temps de réfléchir aux meilleures stratégies à employer afin de maintenir le service qu'attendront les citoyens de leur part : pouvoir retirer de l'argent pour les derniers cas où des moyens de paiement alternatifs ne sont pas disponibles. Tenter de forcer d'autres cas d'usages pour lesquels aucun besoin n'est identifié ne constitue qu'un gaspillage de ressources.