Le danger n'est pas que l'IA rende obsolète l'homme, mais le contraire : que l'homme attende tellement de l'IA qu'il s'en désintéresse totalement le jour, prochain, où il constatera que rien n'en sort. Ce sera l'hiver de l'IA. Il y en a déjà eu deux autres, pour les mêmes raisons.
Luc Julia est un partisan de "l'intelligence augmentée". L'ordinateur ne se bat pas contre l'homme, il est là pour démultiplier ses capacités. L'avenir est l'Internet des objets. Mais il en donne, involontairement, une vision peu séduisante. Nous vivrons dans un monde totalement artificiel, de capteurs qui analysent le contenu des toilettes et de bitume qui rend nos chutes douces. Et si nous inventions la nature ?
Il raconte aussi sa vie. Il commence au CNRS, avant de partir aux USA, au MIT puis à Stanford. A l'époque de la précédente vague d'IA. Sa spécialité est ce que l'on appelle aujourd'hui l'objet connecté. On lui donne un laboratoire, puis il monte un incubateur, dont sortent quelques start up. Ensuite, il est recruté par HP, Apple et Samsung, pour mettre en oeuvre le savoir-faire qu'il a acquis, et diriger de très grands projets. Aujourd'hui, il préside le centre de recherche de Samsung en France.
Ce que je retiens, surtout, c'est la capacité des USA à financer, pendant des décennies, des chimères. Car, beaucoup de ce dont il est question ici, et que j'ai rencontré au cours de ma carrière, est, en fait, un programme de recherche. Certes il en sort des résultats concrets, et de grandes fortunes. Mais que nous apportent-ils ?