À La Recherche Du Temps Perdu*******************A Passage To India de E.M. Forster

Publié le 29 juin 2019 par Hunterjones
Chaque mois, dans les dix derniers jours, je vous parle littérature. Tout comme je le fais pour le cinéma (dans les 10 premiers) et comme je le fais aussi pour la musique (vers le milieu), trois passions personnelles.
Lire c'est choisir de découvrir un nouveau monde, une nouvelle vision sur des sujets qu'on pense connaître. Lire c'est habiter de nouvelles planètes. C'est s'ouvrir les sens.
En tant que traducteur, lire pour moi est une seconde nature. C'est comme réapprendre à respirer. De manière différentes. C'est faire le plein d'idées. C'est se recalibrer l'imaginaire.
Lire c'est vivre.
A PASSAGE TO INDIA de EDWARD MORGAN FORSTER
Le livre a été le dernier livre publié du vivant de l'auteur Britannique E.W. Forster. Celui-ci était gay. Dans les années 20, rien n'était plus tabou que de s'avouer gay. Forster était non seulement gay, mais touchait à la pédophilie en étant amoureux d'un étudiant indien de 17 ans. Forster en avait 27 en 1906, quand il tombait amoureux de l'étudiant. Ceci changeait sa perception britannique du peuple de l'Inde.
Forster, grand voyageur, parcourant l'Europe continentale, retournant en Angleterre à Surrey pour y écrire 6 de ses romans, il a aussi passé du temps en Égypte, en Allemagne et en Inde, autour de 1914, devenant objecteur de conscience quand le Premier Grand Conflit Mondial éclate. Entre pays qu'il connait très bien.
Dans son cercle homosexuel, il allait beaucoup fréquenter les auteurs Christopher Isherwood, le poète Siegfried Sassoon, l'écrivain de Belfast Forrest Reid, le compositeur Benjamin Britten, l'éditeur J.R.Ackerley et un policier marié et sa femme dans un trio amoureux compliqué pour l'époque.
Son dernier roman était inspiré de son temps passé en Inde, et le titre est tiré du poème Leaves of Grass de Walt Whitman.
A Passage To India raconte la panique, réelle ou imaginée, de Adela, visitant une cave en compagnie du docteur Aziz, où il est assumé qu'il l'aurait agressé. Ceci sert de prétexte, en cours, pour rendre public les tensions raciales et les préjudices britanniques de la part des colonisateurs britanniques à l'égard des Indiens. Les premiers, dominant l'Inde à cette époque (1924).
Le livre mystifie l'Inde en créant une réalité obscure où l'aspect laïque est pauvre et la longue tradition indienne en mathématiques, science et technologie, histoire, linguistique (une catégorie où un traducteur ne peut pas rester insensible), et où la jurisprudence n'ont pas l'importance auquel on pourrait s'attendre. 
La camaraderie entre un Indien et un colonialiste britannique jette une perspective intéressante sur l'importance des relations interpersonnelles, et sur les dommages réelles du colonialisme sur la société indienne. Ce livre, étudiant les relations intercoloniales de l'époque, est un régulier sujet d'étude et de consultation, tout comme le sont les tout aussi fameux livres Heart of Darkness de Joseph Conrad et Kim de Rudyard Kipling.
David Lean en fera son dernier film en 1984.
Forster remporte le prix James Tait Black, remis au meilleur roman et à la meilleure biographie, pour ce livre (fictif).
E.M. Forster est l'un des 18 lauréats ayant gagné dans les deux catégories.
Après avoir écrit A Room With A View en 1908 et Howard's End en 1910, tous deux aussi adaptés en films dans les années 80 et 90, respectivement, A Passage to India lui amène enfin un succès important, à 45 ans.
Il sera suggéré comme prix Nobel de littérature 16 fois, sans succès.
Forster était un grand humaniste, pas 100% à la hauteur d'un Romain Gary, mais pas loin du tout.
Avec une forte dose de fraternité entre "frères".
Homosexuels ou non.