Dans l'absolu, le concept n'a rien de révolutionnaire puisqu'il s'agit de proposer aux commerçants la possibilité d'intégrer au sein de leurs parcours de vente – en boutique ou en ligne – le choix pour le consommateur de régler le montant de ses achats – qu'il se trouve dans son pays d'origine ou à l'occasion d'un voyage – directement, comme il en a l'habitude aujourd'hui, ou bien en plusieurs mensualités identiques, via un plan dont les conditions lui seront présentée de manière claire, transparente et cohérente.
Du point de vue du porteur de carte, le bénéfice à attendre de l'initiative est une expérience beaucoup plus fluide du crédit à la consommation. Au lieu de se plier à un processus de demande classique, au cours duquel il est invité à fournir un certain nombre d'informations personnelles et, généralement, un ensemble de justificatifs, et qu'il doit répéter, plus ou moins à l'identique, d'une boutique à l'autre, son teneur de compte, le connaissant déjà, est en mesure de lui garantir un traitement accéléré.
De son côté, la banque émettrice aussi a énormément à gagner dans cette approche, qui lui permettra de reprendre le contrôle sur le porte-monnaie de son client plutôt que de le voir lui échapper pour la solution de crédit d'un établissement tiers distribuée par le commerçant (ce qui créera toutefois des conflits dans les groupes intégrant ce genre d'activité). Incidemment, la connaissance préalable du porteur devrait favoriser une meilleur évaluation des risques et, donc, des taux d'intérêt plus abordables.
Enfin, pour les marchands, tous ces avantages promettent de contribuer à développer leurs ventes, grâce au mécanisme simple et accessible mis ainsi à la disposition de leurs clients. En revanche, ils se retrouveront au milieu d'une bataille entre les « acquéreurs » (les entreprises qui les équipent en moyens d'encaissement) et les spécialistes du crédit à la consommation, Visa étant, dans une certaine mesure, en train de générer une dimension supplémentaire de concurrence entre deux catégories de ses partenaires.
Au fil de l'introduction de nouveaux services, notamment par l'intermédiaire d'API, c'est peut-être toute la stratégie d'innovation de Visa qui commence à prendre forme. En effet, ses efforts récents révèlent un motif récurrent qui commence par l'identification d'un domaine adjacent à ses métiers, dans lequel une startup semble réussir (ici, le modèle serait Square), et dont elle tenterait de s'emparer en capitalisant sur sa présence universelle. Le principe est raisonnable…, la qualité d'exécution suivra-t-elle ?