En ce mois de juin, je retiens ma visite à Ornans, dans le Doubs, pour l’évènement: « Yan Pei-Ming face à Courbet », une exposition à l’occasion du bicentenaire de la naissance de Gustave Courbet. Jusqu’au 30 septembre. (Musée Courbet et Atelier de Courbet. 10-18h. Fermé le mardi.) Attention! Interdit de photographier: Aïe! La frustration! Les visuels de cet article sont des photos de cartes postales!!
D’abord, je fais un tour dans cette « Petite Venise comtoise »! Ornans est décidément un bourg très sympa au bord de la Loue. Puis, hop! le musée Courbet, dans une maison ancienne (XVIIIème siècle) où logea la famille Courbet. Retravaillé intelligemment en 2011 par un architecte, le musée est devenu vraiment un lieu attractif. Ses verrières sur la rivière sont extraordinaires. L’accueil, ici, et l’ambiance sont agréables. Personne n’a la grosse tête! Ils ont beau avoir reçu Yan Pei-Ming et monsieur Macron, les gens restent simplement aimables, polis, enthousiastes, souriants. Bref, ce ne sont pas des parisiens!
Quelques salles montrent la rencontre Courbet-Ming pour une expo temporaire. Un face-à-face étonnant. Paysages, animaux, nus, portraits de famille…Ce sont des rencontres fortes. Ming et Courbet, deux hommes libres, engagés, un brin provocateurs, sensuels, à la sensibilité exacerbée. Deux artistes au geste large et sûr. Certes, pas du même siècle. Mais qui auraient pu s’entendre!
portrait de l’oncle aveugle de MingEt je me dirige vers l’atelier de Courbet, le dernier qu’il ait eu avant sa mort. C’est là que Ming était en résidence en mars. Lui, l’admirateur du maître Courbet, a réalisé son portrait au côté de son autoportrait, en très grands formats. Impressionnants. Et deux de ses immenses toiles, plus anciennes, occupent aussi ces vieux murs délabrés. Une forêt, qui pourrait être jurassienne, sombre et irréelle, et « A l’Est d’Eden » , une scène dramatique où d’innombrables fauves se dévorent.
Une toile m’a frappée particulièrement (je ne l’ai malheureusement pas en photo). Ming a peint la colonne Vendôme démolie, tombée à terre. En effet, pendant la Commune, Courbet a été accusé d’avoir contribué à son démontage et condamné à payer sa reconstruction. Ça l’a ruiné. Cette peinture du chinois dijonnais montre le socle, et au pied, le cadavre de la colonne. On a vraiment l’impression d’un corps… Dans les habituels blancs de Ming, à la limite du gris, comme une neige salie de poussière. Ambiance fantôme. Rien d’autre que ce socle et cette colonne démolie. Une grande surface pour dire juste cet évènement symbolique.