Lymphome cutané à cellules T
Source: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Cutaneous_T-cell_lymphoma_-_intermed_mag.jpg
IPH4102 est une nouvelle classe d’anticorps monoclonal ciblant KIR3DL2, une protéine de surface cellulaire s’exprimant en cas de lymphome cutané à cellules T, et plus particulièrement dans sa forme leucémique, le syndrome Sézary. Notre but était d’évaluer l’innocuité et l’activité de IPH4102 dans le lymphome cutané à cellules T.
Nous avons réalisé une étude internationale de phase 1 à augmentation de dose en ouvert, avec expansion de cohorte (…), pour la première fois chez l’homme, dans cinq hôpitaux universitaires situés aux États-Unis, France, Royaume Uni, et aux Pays-Bas. Les patients éligibles étaient atteints d’un lymphome cutané à cellules T primaire, récidivant ou réfractaire, histologiquement confirmé, présentaient un statut de rendement ECOG (Eastern Cooperative Oncology Group) de 0-2, étaient âgés de 18 ans et plus, et avaient reçu au moins deux traitements systémiques au préalable. Dix niveaux de dose de IPH4102, administrés par perfusion intraveineuse, allant de 0.0001 mg/kg à 10 mg/kg, ont été étudiés (...). Le critère principal était l’occurrence d’effets toxiques limitant la dose à administrer au cours des deux premières semaines de traitement, définis comme des effets toxiques de grade 3 ou plus durant 8 jours ou plus, sauf pour la lymphopénie. La réponse globale par type de lymphome cutané à cellules T était un critère d’évaluation secondaire. Les analyses d’innocuité et d’activité ont été réalisées dans la population per protocole. (…).
Entre le 4 novembre 2015, et le 20 novembre 2017, 44 patients ont été recrutés. 35 (80%) étaient atteints par le syndrome de Sézary, huit (18%) de mycose fongoïde, et un (2%) avait un lymphome cutané à cellules T, sans autre spécificité définie. Dans la partie à augmentation de dose de l’essai, aucun effet toxique dose-limitant n’a été rapporté ; le comité de sécurité de l’essai a recommandé, de ce fait, une dose fixée 750 mg pour la partie en expansion de cohorte de l’essai, correspondant à la dose maximale administrée. Les évènements indésirables les plus communément relevés étaient œdème périphérique (12 [27%] patients sur 44) et fatigue (neuf [20%]) ; ces évènements étaient tous de grade 1-2. La lymphopénie était l’évènement de grade 3 ou plus le plus communément rencontré (trois [7%]). Un patient a développé une hépatite fulminante 6 semaines après interruption de IPH4102 avec un lien de causalité possible avec le traitement ; ce patient est décédé par la suite. Cependant, le patient présentait des évidences d’infection au virus de l’herpès-6B humain. La période médiane de suivi était de 14.1 mois (Intervalle Interquartile [IQR] 11.3-20.5). La confirmation d’une réponse globale était obtenue chez 16 (36.4% [Intervalle de Confiance -IC- 95% 23.8-51.1]) patients sur 44 ; et de ceux-là, 15 réponses ont été observées chez 35 patients atteints du syndrome de Sézary (43% [28.0-59.1]).
IPH4102 est un produit sûr ; il présente une activité clinique encourageante chez les patients atteints de lymphome cutané à cellules T récidivant ou réfractaire, et ce particulièrement chez les patients atteints par le syndrome de Sézary. Si cela devait se confirmer lors de futurs essais cliniques, IPH4102 pourrait représenter une nouvelle option de traitement chez ces patients. Un essai multi-cohorte de phase 2 (TELLOMAK) est en passe de confirmer l’activité chez les patients atteints par le syndrome de Sézary ; est également investigué dans cet essai le rôle de IPH402 dans d’autres sous-types de lymphomes à cellules T exprimant KIR3DL2. Prof Martine Bagot, MD, et al, dans The Lancet Oncology, publication en ligne en avant-première, 25 juin 2019
Financement : Innate Pharma
Source : The Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ