Le mécontentement de l’intersyndicale qui représente 85% de la profession aurait dû être pris au sérieux par Christophe Castaner. Car il devra faire face à une grève nationale tout l’été qui selon les prévisions météorologiques sera caniculaire. Dans leur récente missive, les sapeurs-pompiers professionnels ne désarment pas "considérant comme un déni de dialogue social l’absence de réponse de votre part comme de la part de l’Association des Départements de France et de l’Association des Maires de France (…) , nos organisations syndicales représentatives ont décidé unanimement de déposer une série de préavis de grève". Dans leur lettre, ils exigent :
- Le retrait du Projet de loi de transformation de la fonction publique ;
- Le maintien et le développement des libertés syndicales et démocratiques ;
- La revalorisation significative de la prime de feu à hauteur des autres métiers à risque, à 28 % minimum ;
- La garantie de la pérennité de la Caisse Nationale de Retraite des Agents des Collectivités Locales (CNRACL) et l’institution d’un dispositif de portabilité des droits pour les agents de la catégorie active en déplafonnant les 1 an pour 5 ans et en supprimant les sur-cotisations ;
- De prioriser les préoccupations relatives aux questions de protection de la santé et de la sécurité pour les agents des Services Départementaux d'Incendie et de Secours (temps de travail, respect de la directive 2003-88/CE et de ses jurisprudences, dispositions adaptées face aux agressions subies par les sapeurs-pompiers, cancers liés à la toxicité des fumées) ;
- Le recrutement massif d’emplois statutaires afin de répondre aux besoins des Services départementaux d’Incendie et de Secours . Adoptée en mai à l’Assemblée, le Projet de loi portant sur la réforme de la Fonction publique est actuellement examinée au Sénat. Les amendements défendant leurs acquis, les discussions, les manifestations devant le Parlement ne sont pas parvenus à inverser la tendance. Le groupe parlementaire LREM ( La République En Marche) s’est même fendu d’un communiqué à l’issue du vote faisant fi de l’amertume des pompiers "les députés du groupe majoritaire à l’Assemblée nationale se sont attachés à renforcer les garanties et la protection des agents publics avec, notamment, le vote de plusieurs amendements marquant de grandes avancées sur le texte" .
Augmentation des interventions, diminution des effectifs, désengagements des services de l’Etat, budget contraint , ces messages lourds de sens noircissent leurs tracts pour alerter les services de l’Etat, les collectivités et informer le grand public. Des grèves ici et là depuis quelques mois n’ont pas fait réagir l’ADF (Assemblée des Départements de France) ni l’AMF (Association des Maires de France) principaux financeurs des services départementaux d’incendie et de secours. Lors d'une manifestation dans les Alpes-Maritimes en mai, André Goretti, le président départemental et national du plus gros syndicat de la profession, la Fédération autonome (FA) explique à France 3 "on nous demande d'assurer de plus en plus de missions, parce que les autres services publics, l'hôpital, la police, ont de moins en moins de moyens. On ne peut pas nous demander d'assurer des missions supplémentaires sans nous accorder des moyens pour les réussir".
Leur popularité qui ne désenfle pas depuis le sauvetage miraculeux de Notre-Dame de Paris et ces mois de grève estivale parviendront-ils à faire réagir le ministre de l’Intérieur ? A l’occasion de la Journée nationale consacrée à la profession, il concluait le 15 juin son discours ainsi "officiers, sous-officiers, caporaux et sapeurs, les Français comptent sur vous. Je compte sur vous. Vous pouvez, vous aussi, compter sur moi." . Des paroles qui ne semblent plus faire écho auprès de la corporation. André Goretti le meneur de cette grève, le déplore "le service public de secours est malade". Les sapeurs-pompiers professionnels et les agents des SDIS de France (Service Départemental d'Incendie et de Secours) déposeront leurs casques et déchausseront leurs bottes jusqu’ à la fin du mois d’août. Un été chaud pour Christophe Castaner. L’actualité peut être cruelle. C’est ainsi que dans une même journée, Boris Johnson, le probable futur Premier ministre britannique et Donald Trump ont été rattrapés par la perversité de leurs travers. Ils ont de nombreux points communs: une...