De la pudeur... J'ai lu quelque part dans mon cœur qu'elle survient avec bonheur, à chaque fois que l'esprit rougit d'être enfermé dans un corps.
Platon me l'a aussi confirmé. Il disait en jouant comme je joue sur les sonorités SOMA : SEMA, c'est à dire que le corps, même le plus beau, n'est qu'un tombeau. Quelle horreur !
D'où la pudeur de l'œil de l'âme lorsqu'il s'aperçoit qu'il vit dans un cercueil.
Je prétends à l'éternité de toute mon âme, mais mon corps me rappelle à chaque instant, mon éphémérité, ma fragilité, mon insoutenable légèreté... souffrir, vieillir et mourir et pour les contenir, je n'ai trouvé que la pudeur comme élixir. Doux breuvage qui me fait supporter le pire... la pudeur avec la secrète envie de devenir invisible.
On a beau contester, pester, protester contre le hijab, il joue néanmoins ce rôle, celui du voile de notre laideur. Pudeur de celle qui a presque honte d'être un corps ou honte d'être assimilé à un corps.
C'est le cogito, le "je pense" de la femme pudique qui porte le hijab pour nous dire : je ne suis pas un corps... pas encore... pas tout à fait... jamais.
Je suis pudique, c'est réel. Mais cela veut dire que je prétends à quelque chose de surréel, de plus haut, de plus fort, de plus grand que moi... et dont la valeur symbolique n'est pas moins réelle.
Le Hijab n'est donc pas le voile de l'irhab, de la terreur, ni celui de l'irghab, de la ferveur mais celui de la pudeur...
C'est à dire que j'ai honte d'être... moi. Tout simplement. Et très humblement, honte de n'être que moi. Au point de me voiler la face comme le disent tous les mécréants, ou tous les méchants.
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