Connaissez-vous l’histoire du kaizen ? On est en 1941. Les dirigeants américains savent qu’en dépit de l’isolationnisme de leur pays, il va falloir entrer en guerre contre l’Allemagne et le Japon et que cela signifiera un chambardement fou de leur économie. Comment métamorphoser en quelques mois une industrie de paix en machine de guerre, surtout dans une démocratie ? L’un des artisans de la réussite était un ingénieur statisticien du nom d’Edwards Deming.
Sa méthode, le TWI (training within industries), partait du principe que les plus grands voyages commencent par un premier pas. Plutôt que d’attendre de grandes décisions qui prendraient des mois, voire des années, il fallait s’y mettre illico, « à tout petits pas » et à tous les niveaux. Du directeur au dernier des balayeurs, chacun était invité à faire des suggestions, même de détail, pour modifier la production. Le TWI marcha si bien, qu’après Hiroshima, les Américains l’enseignèrent aux Japonais. Ces derniers, sidérés que les vainqueurs veuillent les aider à rebâtir leur pays, se rendirent compte de l’efficacité de la méthode et l’adoptèrent, en la rebaptisant kaizen (littéralement « amélioration continue »).
70 ans plus tard, les psy américains découvrent... le kaizen japonais, et l’appliquent avec succès à leurs patients les plus rétifs au changement. Les exemples sont stupéfiants. Une femme trop grosse, qui ne parvient pas, depuis des années, à faire du sport, se voit prescrire trente secondes de mouvement par jour – au début quasi immobile devant sa télé !
Un homme qui redoute de se mettre à l’espagnol accepte d’apprendre un mot par semaine. Une femme surendettée, atteinte de « consumérite aiguë », va retirer un objet, un seul, de son caddie avant d’arriver à la caisse. Un homme trop stressé va repérer chaque soir un point douloureux de son corps et respirer dessus pendant 30 secondes. Etc.
Les résultats sont là : en un an, les comportements de ces personnes ont radicalement changé.
Explication : la plupart des gens désirent évoluer, changer, mais n’y arrivent pas.
Affolés par l’idée qu’il faudrait « se jeter à l’eau pour apprendre à nager », nos structures psychiques archaïques se bloquent. Excellentes pour combattre ou fuir, ces structures veillent à notre survie, mais pas à notre évolution.
Pour ne pas les effrayer, une seule solution : proposer de tout petits changements, faciles à atteindre ; puis, une fois un début de confiance établi, peu à peu monter en régime.
Appliquons donc sans attendre la voie du kaizen dans nos façons de manger, de nous soigner, de nous déplacer, de nous chauffer, d’éduquer, de vivre ! L’avenir du monde en dépend.
source : Nouvelles Clés
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