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Le Rallye Toulouse – Saint Louis, le plus long rallye aérien du monde

Publié le 21 juin 2019 par Toulouseweb
Le Rallye Toulouse – Saint Louis, le plus long rallye aérien du monde

Le Rallye Toulouse-Saint Louis du Sénégal, fondé en 1983, est, avec 36 ans d'existence, un des plus anciens rallyes aériens du monde. C'est également le plus long parcours au monde pour un rallye aérien.
Sur près de 10 000 kilomètres et durant deux semaines, ce rallye aérien entre Toulouse et Saint-Louis au Sénégal, en passant par le sud de l'Espagne, le Maroc et la Mauritanie, propose de suivre les traces des pionniers de l'Aéropostale, alliant un magnifique voyage aérien sur les traces des pionniers de l'aviation, une évocation historique et une compétition intéressante et ludique à l'origine d'une émulation motivante.
Vue des équipages dans le désert
Reconnu par la FAI (Fédération Aéronautique Internationale), le rallye est ouvert à tous les pilotes, de tous pays, avec des équipages de deux personnes ou plus, dont au moins un doit totaliser 250 heures de vol.
L'encadrement du Rallye par un Directeur des vols, un médecin réanimateur, un mécanicien agréé et le concours d'un ingénieur prévisionniste météo assurent une sécurité maximale pour cette aventure aérienne. Pendant le Rallye, un avion " ouvreur " et un avion " balai " permettent d'anticiper les problèmes, notamment météorologiques qui peuvent se présenter.
Aux aspects historique, humain et compétitif, s'ajoute également un volet humanitaire, car chaque année, les pilotes profitent du rallye pour acheminer des dons en matériel médical, humanitaire ou scolaire, aux populations locales.
Un site internet (www.rtsl.fr ) est à la disposition des concurrents pour faire apparaitre leurs sponsors éventuels et permet de suivre le Rallye quotidiennement.
Cette année, le Rallye, qui se déroulera du 21 septembre au 4 octobre, marquera pour sa 37ème édition la première liaison postale aérienne entre Toulouse et Rabat, en septembre 1919. Après de longues tractations avec le gouvernement espagnol, l'autorisation de survoler le territoire et d'atterrir aux escales obligatoires de Barcelone, Alicante et Malaga fût enfin obtenue dans les derniers jours d'août 1919. Le 1er septembre, c'est Didier Daurat qui inaugura la première liaison postale entre Toulouse et Rabat aux commandes d'un Breguet 14.

Un rallye créé il y a 36 ans...

Quand en 1983, le journaliste et présentateur du journal télévisé de FR3 André Sabas, né au Maroc et passionné d'aviation, eut l'idée d'organiser un rallye aérien entre Toulouse et Saint Louis du Sénégal, sur les traces des pionniers de l'Aéropostale, on parlait peu des lignes Latécoère et de l'Aéropostale.
Tout le monde connaissait bien sûr Antoine de Saint-Exupéry et son " Petit Prince ", et on savait qu'il avait été aviateur. Mermoz ou Guillaumet avaient donné leur nom à des rues et des collèges, mais leurs exploits et leur rapport avec l'Aéropostale n'étaient connu que des initiés.
André Sabas eut le mérite de faire parler de la Ligne, d'abord dans des revues spécialisées puis dans les médias, et nombreux furent ceux qui découvrirent l'intérêt majeur que l'histoire de la Ligne constituait pour les amoureux de l'aviation mais aussi pour le grand public. De nombreux livres furent écrits, portant au grand public la connaissance de cette extraordinaire aventure.
Avec l'aide de quelques amis spécialistes d'aviation légère, André Sabas mena à terme son projet et les étapes de la première édition furent celles de la Ligne d'origine :
* Alicante, en Espagne
* Tanger, Casablanca et Agadir, au Maroc
* Laayoune et Villa Cisneros (aujourd'hui Dakhla), deux villes du Sahara occidental, administrées par le Maroc
* Port-Etienne (aujourd'hui Nouadhibou) et Nouakchott, en Mauritanie
* Saint-Louis, au Sénégal.

A cette époque, les épreuves du Rallye s'arrêtaient à Saint-Louis et l'organisation assurait le retour des concurrents jusqu'à Agadir. Mais à partir de 1996, l'encadrement du Rallye et les épreuves furent étendus à la totalité du parcours, du départ à l'arrivée.
Le tracé de la ligne Latécoère en 1928
André Sabas dirigea le Rallye pendant 13 ans, jusqu'en 1996, où il passa la main à Eugène Bellet, lui-même plusieurs fois concurrent et gagnant de l'épreuve, et qui présida l'Association Air Aventures jusqu'en 2010. C'est ensuite Jean-Jacques Galy, qui a lui-même participé à une vingtaine de rallyes, qui pris le relais. Il préside toujours l'association à ce jour. En 2010, Eugène Bellet, qui avait parallèlement mené à bien la construction d'une réplique de Breguet XIV, cheval de bataille des débuts de la Ligne, eut la satisfaction de piloter cet avion mythique de Toulouse à Tarfaya-Cap Juby.
Depuis 35 ans, Le Rallye fait revivre à des pilotes cette aventure du siècle dernier, en les emmenant sur les lieux même où elle s'est accomplie, en les transportant dans cette ambiance à travers les récits d'historiens de la Ligne, en projetant des films d'époque... Aujourd'hui, un magnifique lieu de mémoire consacré à la Ligne Aéropostale vient d'être inauguré à Toulouse, plus exactement à Montaudran, lieu des débuts de cette histoire. Et le Rallye Toulouse-Saint Louis participe étroitement à cette commémoration.

... sur les traces de la Ligne Aéropostale

Du chemin de fer à l'avion... Pierre-Georges Latécoère Pendant la première guerre mondiale, l'industriel toulousain Pierre-Georges Latécoère fut amené à s'intéresser à l'aviation car il reçut une commande de 1 000 avions Salmson. Bien qu'il fût spécialisé dans la fabrication des wagons de chemin de fer, il accepta sans hésiter et mena à bien cette tâche après avoir recruté, entre autres, l'ingénieur Emile Dewoitine, qui fera parler de lui plus tard.
A la fin du conflit, Latécoère, centralien visionnaire, conçut l'idée d'utiliser de façon pacifique les avions militaires devenus disponibles en établissant pour la première fois une Ligne aérienne de transport de courrier, depuis Toulouse, siège de son activité industrielle. Pierre-Georges Latécoère
La première ligne aérienne de transport de courrier Cette ligne devait rallier Santiago du Chili, à 13 000 km de là, en passant par la côte orientale de l'Espagne, la côte occidentale de l'Afrique, l'océan Atlantique, la côte orientale de l'Amérique du sud jusqu'à Buenos Aires, puis en traversant d'est en ouest le continent américain et en franchissant enfin la Cordillère des Andes.
L'ambition du projet était hors de proportion avec les moyens matériels de l'époque mais Latécoère ne manquait pas d'audace et prononça cette phrase devenue célèbre : " J'ai refait tous les calculs, les spécialistes sont d'accord ; notre projet est irréalisable. Il ne nous reste qu'une chose à faire, le réaliser. "
Après avoir obtenu une aide de l'état, il recruta plusieurs " as " de la grande guerre, notamment l'ancien pilote de guerre Didier Daurat, et s'assura de l'aide de son ami Beppo de Massimi et de ses talents de négociateur pour mettre en oeuvre son projet.
1918-1919 : les débuts de la Ligne, entre Toulouse et le Maroc, puis le Sénégal Dès le 25 décembre 1918, pour marquer les esprits, Latécoère se rendit de Toulouse à Barcelone à bord d'un Salmson piloté par René Cornemont. Ce n'était qu'un début, mais il prouvait ainsi que l'avion convenait pour concrétiser son idée. Plusieurs vols d'exploration entre Toulouse, Rabat et Casablanca furent ensuite réalisés et il fallut obtenir de l'Espagne l'autorisation de survoler son territoire ; le 1er septembre 1919, la Ligne Toulouse-Rabat était inaugurée par Didier Daurat.
La même année, le 8 mars 2019, Pierre-Georges Latécoère décollait du terrain de Montaudran à bord d'un Salmson 2A2 piloté par Henri Lemaitre. Son objectif était de rencontrer à Casablanca le résident Général de France au Maroc, Lyautey, afin de lui démontrer la faisabilité de son projet de transport de courrier par avion de France au Maroc. Latécoère amenait avec lui le journal Le Temps du 7 mars et un bouquet de violettes de Toulouse pour l'épouse de Lyautey. Il revint avec un contrat et une subvention des postes Chérifiennes.

Ce n'était que la première étape. En dépit des difficultés de tous ordres, Latécoère fit prospecter le tronçon désertique entre Agadir et Saint Louis du Sénégal par une équipe menée par le Capitaine Roig et dès 1925, la Ligne fonctionnait de Toulouse à Dakar.
Ouverture vers l'Amérique Latine Un peu plus tard, le Capitaine Roig reprenait du service pour défricher, avec l'aide du pilote Vachet, le tronçon américain, entre Récife et Buenos Aires.
Le survol de l'Atlantique n'étant pas encore réalisable par voie aérienne par manque d'autonomie des avions, donc le transport du courrier entre Dakar et Récife se faisait par bateau. Puis l'avion était de nouveau utilisé de Récife à Buenos Aires en survolant les côtes brésiliennes, d'Uruguay et d'Argentine. Enfin, le dernier obstacle, mais non le moindre, se dressait entre Mendoza et Santiago du Chili : il s'agissait de la redoutable Cordillère des Andes, qu'il fallut traverser en utilisant les courants ascendants car le plafond opérationnel des avions était inférieur à l'altitude des cols à franchir.
1930 : La Ligne arrive au Chili Grâce au courage et à l'opiniâtreté des dirigeants, des pilotes, des mécaniciens, des compagnons, l'oeuvre imaginée à l'issue de la Grande Guerre de 14-18 par Pierre-Georges Latécoère put enfin s'accomplir entièrement par voie aérienne de Toulouse à Santiago du Chili 12 ans plus tard, en mai 1930, lorsque Mermoz, Dabry et Gimié effectuèrent la 1ère traversée commerciale de l'Atlantique sud à bord de l'hydravion Laté 28 Comte de la Vaux.
Cette immense aventure du 20ème siècle donna la possibilité à des hommes d'exception de réaliser d'innombrables exploits. C'est grâce à l'un d'entre eux, Antoine de Saint-Exupéry, que cette histoire fut portée à la connaissance du public, à travers ses célèbres écrits : Courrier Sud, Vol de nuit, Terre des Hommes...
Ainsi les noms de Mermoz, Guillaumet, Reine, Lécrivain, sortirent de l'anonymat pour raconter cette fabuleuse histoire.
Malheureusement, comme on peut s'en douter, cela ne se fit pas sans drames et 120 personnes perdirent la vie sur cette Ligne entre 1918 et 1933.
Dès 1927, rencontrant des difficultés de tous ordres, Latécoère avait cédé la Ligne à un industriel Français vivant en Amérique du Sud, Marcel Bouilloux-Laffont, qui lui donna alors le nom resté dans les mémoires : l'Aéropostale.
Hélas, des problèmes financiers insurmontables vinrent à bout de cette magnifique entreprise et l'Aéropostale fut intégrée à la compagnie nationale Air France en 1934.


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