Samedi nous prenons l’avion pour Delhi. Depuis quinze ans, je ponce ce livre d’Harish Kapadia, « Trekking and climbing in the Indian Himalaya ». C’est une bible de treks pour la plupart sauvages et inconnus de l’Himalaya indien. Si la mousson n’a pas emporté les routes, où que sais-je encore, nous serons à Manikaran lundi soir. Puis nous partirons pour dix jours de trek, et atteindrons la vallée du Spiti en traversant le col de la Pin Parvati.
C’est un rêve tout proche de se réaliser pour moi. Nous allons vivre une aventure que peu de gens ont la chance de vivre dans leur vie. J’ai déjà connu le bonheur de réaliser ce type de voyage. Mais je ne peux plus faire l’autruche, c’est le ou l’un des derniers pour moi. Je n’arrive pas à écrire « le dernier ». Je n’y arrive pas, non par frustration, car déjà autour de la maison je peux vivre des aventures fantastiques en montagne. Je n’y arrive pas car je culpabilise, je réalise que je ne peux plus me cacher l’urgence de la situation. Je vais énormément polluer la planète par deux longs trajets en avion, alors que j’utilise déjà énormément ma voiture à des fins professionnelles…
Cela fait des années que nous savons où va l’humanité, embarquant la planète avec elle. Je n’ai pas d’enfants, je ne voterai plus pour le système politique actuel car c’est contre-productif à mon sens. Je fais juste l’autruche résignée, préparant mes vieux jours dans un endroit riche en eau, essayant de profiter sans penser à l’épée de Damoclès. Pourtant, quand je vois ce qui se passe en Arctique depuis quelques semaines, je ne sais pas si je peux encore persévérer dans cette fuite.
La rapidité du réchauffement climatique semble surprendre les scientifiques. On sait qu’on fonce dans le mur, mais la vitesse est encore plus élevée que prévu. Alors que faire ? Que faire alors qu’on sait bien que le système politique français ne fera rien à temps par lui même, sans une énorme pression populaire. Il va bien falloir changer ses habitudes. C’est assez simple quand il s’agit de loisirs. Pour le mode de consommation et la vie professionnelle, c’est une autre histoire bien plus complexe.
Bravo à Kailash Adventure pour leur engagement courageux, qui malheureusement va attirer beaucoup de sarcasmes et de critiques gratuites non-constructives. On en reparle fin juillet, et gaffe aux chutes de pierre en montagne.
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