Anticiper la construction pour des bâtiments réversibles et durables

Publié le 08 mars 2019 par Franckbaty @Bouygues_C

Quel point commun entre … Les tours Black Swans de l’architecte Anne Demians, sur le site de la presqu’île Malraux à Strasbourg… La reconstruction de la résidence pour migrants Péan, Philippon – Kalt Architectes boulevard Massena à Paris 13e… Ou encore le projet d’immeuble de bureaux WORK#1 de David Chipperfield Architects (U.K.) ? Ce dernier sera situé à Lyon Confluence, le long de l’autoroute urbaine A6 A7. La réponse tient en un seul mot : réversibles.

Le fil conducteur : que le bâtiment construit aujourd’hui puisse s’adapter à de nouveaux usages demain. Et sans difficulté ni transformation majeure.

Lyon Confluence

Évolutions sociétales

Les intérêts des bâtiments réversibles, à y réfléchir dès la phase conception, sont légion. Le premier d’entre eux, si l’on s’intéresse à l’offre tertiaire, est d’ordre sociologique. « D’un côté, il y a le marché des bureaux. Ils sont en constante évolution, en raison notamment d’une obsolescence accélérée et des changements dans les modes de travail. Ce qui se traduit donc par des vacances de plus en plus longues et importantes. De l’autre, une évolution démographique qui accentue la demande en logements. A cela s’ajoute la mutation des territoires. Car elle aussi est de plus en plus rapide, explique Vincent Hilaire, responsable de projets immobiliers, pôle grands projets, chez Linkcity Sud-Est.

Dans ce contexte, réfléchir à l’usage dans le temps du bâtiment apparaît comme une évidence. Le second point est bien sûr d’ordre économique. « Aujourd’hui, les coûts de transformation d’immeubles de bureaux en logements sont importants. Parfois plus élevés qu’une démolition-reconstruction ». Anticiper les changements et imaginer réversible réduit automatiquement le coût de la transformation.

Autre aspect et non des moindres : l’approche environnementale. Prévoir la réversibilité du bâtiment, c’est augmenter sa durée de vie : « C’est également une démarche pleinement ancrée dans les dynamiques d’économie circulaire », précise Vincent Hilaire.

Mixité réversibilité

Bien sûr, cette démarche a des conséquences directes sur la conception architecturale. Pour exemple, la résidence pour migrants Péan sur le boulevard Massena à Paris 13. « La structure en béton sans refends porteurs ne bloque pas les transformations futures. Cela permet de modifier les studios en T2 ou T3 », souligne Jean Kalt. Quant aux tours Black Swans de Strasbourg, l’approche d’Anne Demians incarne un nouveau modèle de bâtiment. Où l’expression architecturale s’efface au profit de la mixité et de la réversibilité. « Avec ce projet régulier et sans surexpressivité, ce que j’ai mis en scène, c’est le possible changement de destination du programme originel. J’ai imaginé un bâtiment moderne, qui allait autoriser plusieurs usages. » L’écriture architecturale n’est donc ni connotée bureaux ni orientée logements. Elle s’attache plutôt à additionner les caractéristiques des deux.

Mutation des territoires

A Lyon Confluence, le projet de bureaux de l’agence David Chipperfield Architects anticipe, lui aussi, une mutation des territoire. A savoir le déclassement de l’autoroute A6 A7… Et sa transformation en un boulevard urbain apaisé et aménagé avec de larges espaces pour piétons et piste cyclable. « Le contexte était ici idéal pour prévoir d’abord un immeuble de bureaux, puis de logements », précise Vincent Hilaire. Résultat : le projet architectural intègre dès les prémices de la conception l’opportunité de mutation. Laquelle passe par une trame de 0,90 cm adaptée à un usage bureaux et logement, des balcons filants en façade et des terrasses au dernier niveau. Mais aussi des faux-planchers épais associés à des gaines en noyaux centraux qui évitent les percements lors de la transformation… Ou encore des façades désolidarisées de la structure ou des hauteurs d’étages adaptés aux deux usages. Une liste non exhaustive.

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