Pourquoi donc jaillissent les poèmes
et se mettent-ils en marche
à grandes enjambées dans les rues,
parlant tout seuls,
ne voyant rien et regardant tout le monde ?
Pourquoi se baladent-ils libres
comme des fous, les poèmes ?
La nuit, ils t’accompagnent,
ils causent avec toi
dans l’insomnie
ils te lancent de grands monologues,
ils t’inventent des mondes et des remords,
des souvenirs et des craintes,
la nostalgie d’un amour lointain,
une musique discrète dans la rue.
Toute la nuit ils t’accompagnent
comme un vin accablant,
et ivres, à l’aube, ils s’en vont.
*
Los poemas
¿Por qué se escriben los versos?
¿Por qué salen los poemas
y se echan a andar
a trancos por las calles,
hablando a solas,
sin ver y viendo a todos?
¿Por qué qué andan sueltos,
como locos los poemas?
Por las noches te acompañan,
conversan,
en el insomnio
sueltan largos monólogos,
te inventan mundos y remordimientos,
recuerdos y temores,
la nostalgia de un amor lejano,
la música distante por la calle.
Toda la noche te acompañan
con un vino agobiante,
y borrachos, al alba, se despiden.
***
Vicente Quirarte (né à Mexico en 1954) – Un air exalté / Aire enardecido (Écrits des Forges, 2000) – Traduit de l’espagnol (Mexique) par Émile et Nicole Martel.