Antoine Rozner, un golfeur français dans le vent

Publié le 18 juin 2019 par Etvsport @etvsport

Si les golfeurs français font assez peu parler d'eux, il y en a un, qui en ce début d'année 2019, a eu le droit aux honneurs de plusieurs médias, son nom : Antoine Rozner. Alors oui, il n'a pas contrecarré les plans de Tiger Woods lors du Masters d'Augusta ou encore fait une performance importante sur l'European Tour mais il a tout de même remporté les deux premiers tournois du Challenge Tour, la division 2 européenne, à savoir le challenge de España et également le Prague Golf Challenge. Antoine Rozner a clairement le vent dans le dos et Beside Sport a décidé d'interviewer ce jeune golfeur de 26 ans qui devrait découvrir l'European Tour la saison prochaine !

Taper ses premières balles à 3-4 ans, cela a été important dans ton approche du golf ?

Effectivement, cela m'a aidé d'un côté mais c'est surtout que j'avais des parents golfeurs qui m'ont traîné tous les weekends sur les greens. Honnêtement, que l'on commence à 4 ou 7-8 ans, ce n'est pas si important que cela. Je me répète mais je pense que mes qualités sont venues du fait que mes parents n'avaient pas peur de m'emmener avec eux et de me laisser m'amuser avec les copains, à mon rythme et sans pression. Mais il est vrai, que d'après mon entourage, je tapais plutôt bien la balle quand j'étais gamin et forcément en commençant à 4 ans, je jouais mieux à 12 ans que si j'avais débuté à 8 ans.

Avoir une famille ancrée dans ce sport, entre ta maman ou encore ton frère, cela t'a mis une certaine pression dans ta volonté de faire carrière dans le golf ?

Pas du tout ! De plus, avant mes deux dernières années d'université, je ne pensais pas passer professionnel. Aux USA, j'ai commencé à bien jouer et quand j'ai eu mon diplôme en poche, je me suis dit pourquoi pas et jusqu'à aujourd'hui, ça se passe plutôt bien.

Tu as fait beaucoup de hockey sur gazon, tu touches à de nombreux sports, pourquoi avoir décidé de persévérer dans le golf qui est souvent vu comme un " sport de vieux " ?

On va dire que c'était un peu par défaut au début car je me voyais vraiment faire du golf toute ma vie alors que le hockey sur gazon, je savais que ça se terminerait un jour. Sans penser en faire mon métier, je me voyais plus baigner dans ce milieu que je connaissais depuis toujours. Ce qui est certain, c'est que de faire du hockey m'a beaucoup aidé dans mon niveau de golf notamment au niveau de la musculation. Pour ceux qui l'ignoreraient peut-être, Thomas Levet, plus belle carrière du golf tricolore, a fait du hockey jusqu'à ses 15-16 ans donc c'est peut-être un signe (rires) !

La vie estudiantine aux USA, tu retiens quoi de cette période ?

4 années exceptionnelles, une expérience hallucinante, une ambiance vraiment sympa dans les universités...un vrai bon mix pour un gamin de 20 ans car il y avait le côté festif, le côté cours et le côté hyper compétition avec les tournois.

Après au niveau du golf, j'avais un niveau équivalent aux Américains quand je suis arrivé car je m'entraînais déjà beaucoup en France. Ensuite, les meilleurs universitaires aux USA font partie des meilleurs amateurs au monde donc il y avait vraiment un " gap " avec les meilleurs joueurs et c'est quelque chose que je n'avais jamais vu en France. Et je pense que c'est simplement dû au fait qu'il y a énormément de joueurs sur le sol américain ce qui permet d'en sortir des très très forts.

La valorisation du sport aux USA, ça fait du bien ?

Déjà, j'ai eu une bourse avec mon golf et malheureusement, c'est quelque chose d'improbable en France ! C'est incroyable la place qu'est faite au sport là-bas, les professeurs en cours sont très bienveillants avec les sportifs quand il faut partir en tournoi. Ils peuvent nous décaler des devoirs et tout simplement nous aider aussi. Il y a une reconnaissance du sportif qui est différente et par exemple, on retrouve des articles sur nous sur le site de l'Université...C'est top !

Ton début de saison sur le Challenge Tour est exceptionnel avec 2 victoires d'affilées, comment expliques-tu ton niveau actuel ?

Je me suis vraiment bien entraîné cet hiver et cela m'a permis de mettre l'accent sur les points qui me faisaient défauts jusqu'à présent et notamment la saison dernière. On va dire que ça a tourné autour du mental et également sur le petit jeu niveau golf. Du coup, je suis arrivé prêt pour le premier tournoi de l'année, cela s'est ressenti directement et j'ai fait des supers performances d'entrée. Pour conclure, on peut dire que le travail hivernal a porté ses fruits !

Ton arrivée sur l'European Tour est presqu'en poche, cela va changer quoi pour toi ?

Cela change tout ! Si j'arrive à valider cette carte sur le Tour Européen, mon style de vie va être modifié, mes revenus seront complètement différents aussi et enfin je découvrirais des tournois d'un autre acabit avec les parcours qui vont avec forcément. J'espère y être !

Difficile d'émerger en France en tant que golfeur. Comment expliques-tu cela ?

Il y a forcément une question de performances car si on veut progresser au classement mondial, cela vient par de bons résultats. Après, il faudrait qu'il y ait un peu plus d'engouement autour du golf français. Car malgré une semaine de malade pendant la Ryder Cup l'an dernier, les retombées n'ont pas été à la hauteur de l'évènement et c'est dommage.

Aujourd'hui, on a plein de bons joueurs en France et je suis sûr que ça ne saurait tarder avant que l'un d'entre-nous n'émerge au plus haut niveau.

Quel est ton rapport à ton image et donc aux réseaux sociaux ?

C'est sûr que l'on poste tous sur les réseaux mais ce n'est pas forcément hyper complet et hyper développé. Moi, j'aime bien donné de mes nouvelles sur les réseaux et donner l'image d'un gars simple et stable dans mes raisonnements et mes décisions concernant ma carrière.

C'est un moyen de communication hyper facile et il faut savoir en jouer de la bonne manière.