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Frédéric Dard

Publié le 19 juin 2019 par Christophefaurie
Frédéric Dard sortait quatre ou cinq livres par an, et chacun se vendait à plus d'un million d'exemplaires. Comment expliquer son succès ? Le talent ?
Frédéric Dard est un pauvre. Il lit beaucoup, mais on lui fait faire des études de comptabilité. Un oncle a l'idée de lui faire rencontrer l'éditeur d'une revue, à tout petit tirage, locale : ne pourrait-il pas être journaliste ? Il a 16 ans. Le dit éditeur, ayant bien bu, n'a pas les idées très claires. Il l'embauche, sans salaire. Pour ne rien faire, dans les premiers temps. Puis pour collecter les revenus de la publicité dont vit le journal. Au début, il publie à compte d'auteur. Puis, à 27 ans, il rencontre celui qui est en train de fonder la collection Fleuve noir. Il cherche des auteurs pouvant produire en continu. C'est le succès.
Un succès qui ressemble à celui d'Asterix, peut-être : une fois San Antonio reconnu, on l'achète comme un paquet de cigarettes ?
Un Frédéric Dard aurait-il percé à notre époque ? L'Education nationale l'aurait peut-être éliminé du journalisme, ou aurait déformé son talent ? Elle en aurait fait un fonctionnaire de banlieue ? Il n'aurait peut-être pas trouvé d'éditeur ?...
En tout cas, l'histoire de Frédéric Dard est probablement plus celle d'une époque que celle d'un homme exceptionnel, pliant les événements à sa volonté.
(Réflexions venues d'un entretien entre Frédéric Dard et Jean-Louis Ezine, chez France Culture, en 1988.)

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